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Les sels biliaires, nouvelle clé contre l'obésité

Les acides biliaires contenus dans la bile sont-ils une des clés de la lutte contre l'obésité ? Pourra-t-on à l'avenir disposer de composés synthétiques proches de ces produits naturels et de surcroît vraiment efficaces contre ce fléau des temps modernes ? Il est permis de l'espérer à l'issue des travaux publiés par l'équipe du professeur Johan Auwerx (Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire, également à l'Inserm et au CNRS) de Strasbourg avec des équipes de la Harvard Medical School de Boston et des équipes japonaises de Tokyo, au Japon.

Selon ces chercheurs, l'ajout d'acide biliaire à une alimentation très riche en graisses est capable de prévenir l'obésité, du moins chez la souris, et ce sans risque pour leur santé. Ces résultats, confirmés in vitro chez l'homme sur des cellules graisseuses en culture et sur des cellules musculaires, sont publiés dans la revue Nature en publication avancée du 8 janvier 2006.

Ces travaux sont en tout cas un bel exemple de synergie entre la médecine traditionnelle et la recherche médicale de pointe. «Nous nous sommes intéressés à un remède japonais traditionnel, à base de bile extraite d'ours, utilisé par les anciens, pour ses effets antidiabétiques et anti-obésité», explique le Pr Johan Auwerx qui, avec trois chercheurs japonais dans son laboratoire, a cherché à percer le secret de ce remède.

Certes, le rôle des acides biliaires, transformés dans le foie en sels biliaires, puis excrétés dans la bile vers l'intestin, est connu depuis de longue date. Ce sont des cofacteurs indispensables à l'action de la lipase pancréatique au cours de la digestion des lipides. Mais ils passent aussi très vite dans le sang après chaque repas, viennent de découvrir les chercheurs, après avoir réussi à les détecter en toute petite quantité grâce à des techniques hautement spécialisées de spectrométrie de masse.

Les scientifiques ont ensuite montré que l'administration d'acides biliaires augmente chez la souris la dépense énergétique, prévenant ainsi obésité et diabète gras. Des souris nourries avec un régime très riche en graisses mais ayant reçu en sus de l'acide cholique (le plus abondant des acides biliaires) sont restées sveltes tandis que leurs congénères, alimentées de la même manière, sont devenues obèses. Mais l'ajout d'acides biliaires dans leur nourriture les a fait retrouver un poids normal en trente jours. «Nous avons donc démontré que, outre leur activité dans la digestion, ils jouent aussi un rôle d'hormones et de facteur régulateur du métabolisme», résume le Pr Auwerx. «En fait, ces acides biliaires vont stimuler la dépense énergétique aussi bien dans les muscles que dans une zone très particulière du tissu adipeux.» Dans la graisse brune, précisément, celle qui brûle les lipides (elle est très présente chez les animaux qui hibernent et chez les nouveau-nés pour les protéger de l'hypothermie). Par opposition à la graisse blanche, celle qui stocke les graisses.

Les chercheurs ont aussi réussi à mettre en évidence le mécanisme de cette action. En fait, ces acides biliaires facilitent la transformation de l'hormone thyroïdienne inactive en forme active, au niveau de deux tissus, le muscle et la graisse brune. Ils augmentent ainsi le taux d'hormone thyroïdienne active à ce niveau, expliquant ainsi ce phénomène de protection contre les effets d'une alimentation hyperlipidique.

Figaro

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