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Les séismes sous l'oeil vigilant de Déméter

Arrivera-t-on un jour à prévoir les séismes avant qu'ils ne se déclenchent et mettent en danger la vie de milliers de personnes ? C'est le pari que relève le petit satellite français Déméter, qui a été mis sur orbite le 29 juin par une fusée russe Dnepr (un ancien missile balistique intercontinental SS- 18) tiré depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan. Il va tenter de fournir de nouvelles données aux scientifiques pour parvenir à réaliser ce rêve. Après avoir été assemblé et testé au Centre spatial du Cnes (Centre national d'études spatiales) à Toulouse, ce microsatellite - seulement 130 kg et 80 cm de côté. Pendant deux ans, Déméter va enregistrer en orbite les signaux électromagnétiques qui sont émis par les phénomènes géophysiques naturels, comme les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, et les tsunamis. «Mais attention, met en garde Pascale Ultré-Guérard, responsable du programme géophysique interne au Cnes, Déméter n'est qu'un projet exploratoire, qui n'a pas vocation, et ne sera d'ailleurs pas capable de faire de la prévision de séismes en temps réel. Il s'agit d'abord d'identifier, s'ils existent, les signaux précurseurs qui pourraient être émis dans les régions à forte activité sismique.»L'idée que des phénomènes électriques et magnétiques puissent être associés à des mouvements brutaux de l'écorce terrestre n'est pas nouvelle, mais elle n'est sérieusement étudiée que depuis quelques dizaines d'années. A plusieurs reprises dans le passé, des charges électriques et des émissions magnétiques ont été mesurées avant, pendant et après des séismes, mais jamais de manière systématique. D'autre part, si tout le monde s'accorde désormais pour accepter que des séismes puissent produire des décharges électromagnétiques, il n'y a pas encore de consensus sur leurs causes physiques. Classiquement, les signaux enregistrés par les sismographes sont des ondes acoustiques, celles qui font littéralement trembler la terre et provoquent tant de dégâts. Mais d'autres signaux, électromagnétiques ceux-ci, des ondes radios de très basse fréquence, peuvent apparemment être produits par des effets piézo-électriques, par la compression directe des roches ou encore la diffusion d'eau dans la région de l'épicentre. Le pari de Déméter sera de détecter ces perturbations à 710 km d'altitude, dans les plus hautes couches de l'ionosphère. Les statistiques prédisent qu'en deux ans de fonctionnement à 710 km d'altitude, Déméter devrait survoler et enregistrer les signaux de 400 séismes de magnitude supérieure à cinq. Seules ces secousses majeures sont capables de produire des signaux assez forts pour perturber les hautes couches de l'ionosphère où se trouvera Déméter. Cette moisson de données pourrait permettre, d'une part, de mieux comprendre la manière dont ces signaux mystérieux sont produits dans le sous-sol, et, d'autre part, d'identifier des précurseurs sismiques fiables. Si Déméter tient ses promesses, on pourrait alors envisager un deuxième satellite, destiné celui-là à prévoir les séismes.

Figaro

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