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Robotique médicale : le grand décollage

Redresser une jambe fracturée avec un robot rebouteux : des chercheurs japonais de l'université de Tokyo ont développé un prototype efficace, mais rien qu'à regarder l'engin manipulateur, on souffre pour le patient. Et si les Français le rendaient plus doux ?

Deux équipes de spécialistes de robotique médicale du Japon et de France se sont rencontrées début mai dans la capitale nippone pour échanger leurs points de vue sur les bénéfices que la mécatronique peut apporter au corps médical et aux malades et étudier des coopérations. Les prouesses techniques existent, notamment du côté nippon où la miniaturisation et la précision des pinces ou autres outils en tout ou partie télécommandés ne lassent de surprendre. Les prototypes que l'on croise dans les salles de recherche sont très aboutis... sur le plan physique du moins.

"La robotique médicale est un secteur dans lequel la complémentarité des domaines d'excellence français et japonais est particulièrement essentielle", souligne Pierre Dauchez, expert en robotique français résidant à Tokyo. "Les Japonais sont des génies de la mécanique, mais ils ont davantage de difficultés pour la programmation de leurs machines. Inversement, les Français ont des compétences logicielles qui sont indispensables pour bien commander un robot", ajoute-il.

En matière de robotique médicale en effet, les gestes doivent être accomplis avec une précision d'orfèvre, ce qui exige des logiciels d'instruction et de positionnement sans faille.

La fiabilité est d'autant plus cruciale que le malade, lui, s'interroge : à quoi bon remplacer les mains expérimentées d'un chirurgien par un appareillage qui paraît à première vue périlleux à manipuler, encombrant, contraignant quand il n'est pas effrayant ? Pour les roboticiens japonais, qui, comme le citoyen lambda nippon, n'ont souvent guère d'appréhension à l'égard des machines, les avantages sont indéniables. "Les robots permettent au chirurgien de travailler à distance de la table d'opération dans une position ergonomique, au lieu d'être maladroitement penché au-dessus du patient", affirme le professeur Makoto Hashizume de l'Université du Kyushu. Le praticien est face à un écran et télécommande des instruments chirurgicaux grâce à des poignées spéciales munies de capteurs et autres moyens de reconnaissance de gestes. Des pédales lui permettent simultanément de contrôler diverses autres fonctionnalités.

Ce type de robot-chirurgien, une catégorie parmi de nombreuses autres, est déjà en exploitation. Le plus célèbre d'entre eux, le Da Vinci américain, opère aux Etats-Unis, en France et dans de grands hôpitaux d'autres nations riches. Ce médecin mécatronique rend jaloux les Japonais, dont le professeur Mamoru Mitsuishi, qui a conçu un clone avec l'ambition de surpasser ledit Da Vinci.

Les Français sont plus mesurés : "C'est vrai que le Da Vinci est étonnant mais la robotique médicale sera vraiment aboutie quand nous arriverons à mettre au point des micro-robots qui interviendront directement dans le corps des patients", reconnaît une pionnière du secteur en France, Jocelyne Troccaz, chercheuse du Centre National de la Recherche Scientifique français (CNRS). Tous cependant sont d'accord avec le professeur Ken Masamume quand il affirme que "la chirurgie sera moins invasive si elle est pratiquée de façon plus rapide, plus précise et plus sûre et qu'en cela, la technique est cruciale".

"Le développement de la robotique chirurgicale exige bien sûr une coopération entre les chirurgiens et les robots, mais surtout, en premier lieu, une collaboration entre les roboticiens et le corps médical", insiste pour sa part Marie-Christine Pouchelle, anthropologue du CNRS.

AFP

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