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La révolution de la médecine nucléaire

Mal nommée, la médecine nucléaire inquiète. Mais son potentiel diagnostique et thérapeutique est immense - aussi grand que celui de la chimie qui fabrique les molécules qu'elle va être appelée à utiliser - et les progrès réalisés multiplient déjà par deux les chances de venir à bout de certains cancers. "D'une fourchette de 10 à 40 %, les chances de guérison de certains lymphomes sont passées en quelques mois de 60 à plus de 80 %, et le potentiel de cette discipline ne connaît pas d'autres limites que celles de la chimie", a indiqué le Pr Gilles Karcher, responsable du service de médecine nucléaire au CHU de Nancy et vice-président du congrès de l'Association Européenne de Médecine Nucléaire, qui vient de s'achever à Paris. La médecine nucléaire repose sur l'usage de traceurs faiblement radioactifs, volontairement administrés au patient, pour effectuer un diagnostic ou traiter une maladie. Elle est fondée sur la propriété qu'ont certains éléments radioactifs ou certaines molécules marquées à se concentrer naturellement dans un organe. L'élément radioactif, dont la durée de vie est très courte - de quelques secondes à quelques jours - est choisi en fonction de l'organe à explorer ou de la maladie à soigner. Contrairement à la radiothérapie "classique" qui vise à détruire des cellules en bombardant, à travers le corps, la zone où elles se trouvent, la radiothérapie interne consiste à fixer un produit radioactif dans une substance - médicament ou anticorps - qui va aller se loger au coeur même de ces cellules et les détruire de l'intérieur. "Actuellement, explique le Pr Serge Askienazy, chef du service de biophysique de l'hôpital Saint-Antoine à Paris et président du congrès, le développement de la radiothérapie interne connaît une poussée remarquable", grâce à la découverte de molécules de plus en plus pointues et de nouveaux traceurs propres à chaque maladie. Sur le papier, presque n'importe quelle affection pourrait tirer bénéfice de cette technique . Les spécialistes pensent pouvoir dans un avenir proche apporter un mieux dans beaucoup d'autres formes de cancers. "Les cancers du sein, du colon, du foie, les mélanomes et les gliomes (tumeurs du cerveau), seront probablement les prochains cancers traitables", estime ce spécialiste. La tomographie par émission de positons (TEP) est considérée par les experts comme la plus perfectionnée des caméras médicales. Outre le traitement du cancer, la medecine nucléaire est également en train de revolutionner la prise en charge des maladies cardio-vasculaires. Dans ce domaine, l'examen le plus performant de la cardiologie nucléaire est la tomoscintigraphie de perfusion myocardique ou SPECT, acronyme anglais de single photon emission computed tomography. Il analyse les parois du ventricule gauche et le septum, la cloison qui sépare les deux ventricules, en coupes régulières selon les troisaxesdu coeur. Le composé traceur radioactif - le plus utilisé est le thallium 201 - permet de visualiser le muscle cardiaque où il est retenu en proportion du débit de perfusion sanguine. Le marqueur, un analogue du potassium, pénètre avidement dans les cellules cardiaques vivantes. Une première scintigraphie est réalisée juste après un exercice important destiné à accélérer le débit de perfusion du myocarde, suivie après quatre heures de repos par une seconde scintigraphie de repos. La comparaison de la distribution du traceur après exercice (ou test pharmacologique) et au repos permet de décrire la localisation, la sévérité et le caractère réversible d'anomalies de la perfusion qui apparaissent ou s'exagèrent à l'exercice lorsque la demande en oxygène est largement augmentée. Couplé à un électrocardiogramme qui permet de reconstituer le cycle cardiaque, cet examen permet de calculer la fraction d'éjection, élément fonctionnel majeur renseignant sur la puissance de la contraction cardiaque. Mais le coût de fonctionnement de ces nouveaux appareils est élevé et la France - dont les besoins sont évalués à une cinquantaine d'appareils - ne dispose encore que d'une poignée de caméras à positons, alors que l'Allemagne compte déjà 90 de ces appareils et les Etats-Unis plus de 300.

AFP :

http://www-old.afp.com/ext/francais/lemonde/sci/000911105836.xbrvvkt7.html

Le Monde :

http://www.lemonde.fr/article/0,2320,seq-2077-93143-QUO,00.html

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