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Révolution dans la surveillance des molécules

Combien de méningites seront évitées chez l'enfant grâce au nouveau vaccin Prévenar lancé sur le marché ces dernières semaines en France ? Quel est l'impact des nouveaux anti-inflammatoires pour réduire les hémorragies digestives, complications non négligeables des anciens traitements ? Pour répondre à toutes ces questions, un accord signé il y a quelques jours entre les pouvoirs publics et l'industrie pharmaceutique prévoit désormais la mise en oeuvre d'enquêtes sur les nouveaux médicaments après leur mise sur le marché, alors que jusqu'à présent leur évaluation s'arrêtait quasiment au moment de leur commercialisation. «Les médicaments sont les produits les plus étudiés avant leur mise sur le marché, explique le professeur Lucien Abenhaim, directeur général de la santé, également expert en pharmaco-épidémiologie et principal inspirateur de cette démarche innovante, mais il y a encore beaucoup de choses que l'on ne connaît pas quand ils commencent à être commercialisés. Les essais avant la mise sur le marché sont faits sur des populations très sélectionnées excluant en général les femmes enceintes, les personnes âgées, celles souffrant d'une autre maladie ou prenant d'autres médicaments. Dans la «vraie vie», les choses se passent de manière différente.» De surcroît, ces essais portent sur un nombre limité de patients, quelques centaines, exceptionnellement quelques milliers. Ils ne permettent donc pas de mettre en évidence des effets secondaires rares et graves. L'industrie pharmaceutique met désormais sur le marché des médicaments visant à traiter des maladies chroniques de plus en plus fréquentes, destinés à des millions d'utilisateurs qui prendront le traitement à vie, ou presque. Pour des raisons de santé publiques évidentes et pour des raisons économiques aussi, il est donc fondamental de connaître avec précision les effets de ces médicaments sur la santé des populations. C'est l'objectif des études dites «post-AMM (autorisation de mise sur le marché)» qui viennent d'être définies le 15 juin dernier par la signature d'un accord-cadre entre le Comité économique des produits de santé et les entreprises du médicament pour la période 2003-2006. Selon cet accord, ces études devraient concerner «les médicaments pouvant être prescrits à une large population, ceux pour lesquels existe une forte probabilité d'utilisation hors des indications qui exposerait la population ainsi traitée à un risque non évalué et encore ceux susceptibles d'avoir un impact significatif sur l'organisation du système de santé». Ces études devraient permettre aux décideurs en santé publique de disposer d'informations bien plus précises concernant les effets de ces nouvelles molécules appliquées à la population française. «Il s'agit d'évaluer les prescriptions, savoir si ce sont bien les «bonnes» personnes qui reçoivent le médicament dans les «bonnes» indications. Il s'agit aussi de vérifier que les résultats favorables observés dans les essais thérapeutiques sont retrouvés en conditions réelles et encore mesurer en grandeur nature ou presque l'importance des effets secondaires», poursuit le professeur Abenhaim. Ces enquêtes post-AMM devraient s'appuyer sur la base de données de la Caisse nationale d'assurance-maladie des travailleurs salariés (Cnamts), la plus importante du monde en la matière (48 millions de personnes). Des groupes de travail ont mis au point des stratégies pour l'exploiter à des fins épidémiologiques, avec l'accord de la Cnil (Commission nationale de l'informatique et des libertés). L'industrie pharmaceutique devrait financer ces études.

Figaro : http://www.lefigaro.fr/sciences/20030708.FIG0209.html

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