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Un régime amaigrissant réduit le risque de récidive de cancer du sein

Décidemment les liens entre alimentation et cancer ne cessent de se confirmer et de se préciser, comme vient encore de le montrer une remarquable étude présentée à l'occasion de la grande réunion annuelle de l'Asco, en Floride, qui s'est achevée le 16 mai (voir article « Congrès de l'ASCO : la lutte contre le cancer franchit une nouvelle étape grâce aux médicaments ciblés », dans notre lettre 337 de la semaine dernière), le professeur Rowan Chlebowski (Institut de recherche biomédicale de Los Angeles) a présenté un vaste travail montrant pour la première fois qu'il était possible de réduire le risque de récidive du cancer du sein simplement par le biais d'un régime alimentaire pauvre en graisses.

Les résultats portent sur 2 437 femmes souffrant d'un cancer du sein diagnostiqué à un stade précoce, âgées de 48 à 79 ans, et qui, un an après l'ablation chirurgicale de leur tumeur, ont été incluses dans un essai clinique pour évaluer les effets d'une intervention diététique sur l'évolution de leur maladie. Toutes ces volontaires ont bénéficié bien sûr du traitement standard du cancer du sein et d'une prise en charge par les médicaments adjuvants. Cependant, après tirage au sort, la moitié d'entre elles a reçu une formation très solide sous forme de deux séances de conseils prodigués par des nutritionnistes expérimentés afin qu'elles parviennent à réduire de manière importante leur consommation de graisses alimentaires.

Les résultats sont spectaculaires s'agissant d'une intervention portant exclusivement sur l'alimentation pour une maladie aussi grave. D'une part, les femmes bénéficiant de ce «coaching» ont effectivement réussi à consommer un tiers de graisses en moins par rapport à celles du groupe témoin. Mais surtout, après 60 mois de surveillance, il apparaît que celles ayant une alimentation pauvre en graisses (moins de 20 % de l'apport total de calories) souffrent d'un taux de récidive de 25 % inférieur à celui observé pour les femmes n'ayant pas bénéficié de l'intervention diététique. «Des interventions sur le mode de vie aboutissant à une réduction de la consommation de graisses sont capables d'améliorer la durée de survie sans rechute chez des femmes ménopausées atteintes de cancer du sein», concluent les auteurs. Cette étude pourrait conduire à des nouvelles recommandations nutritionnelles pour les femmes souffrant de cancer du sein.

De la même manière, les modifications de l'alimentation peuvent-elles prévenir le risque de cancer du sein (et pas seulement empêcher les récidives), maladie qui frappe aujourd'hui une femme sur huit dans les pays industrialisés et atteint chaque année 40 000 d'entre elles en France ? «Plus d'une centaine d'études ont examiné le lien entre le risque de cancer du sein et le poids, a expliqué le docteur Anne Mc Tiernan (Centre de lutte contre le cancer Fred Hutchinson, Seattle) lors d'une session à l'Asco sur ce sujet. Toutes les études montrent que, après la ménopause, les femmes en surpoids ou obèses ont un risque accru de 30 à 50 % de souffrir d'un cancer du sein par rapport aux plus minces. Certains soulignent qu'un gain de poids important entre 18 et 50 ans est un facteur de risque. D'autres études, il est vrai de moindre envergure, ont même suggéré que le fait de perdre du poids pouvait entraîner une réduction de ce risque.»

Par quel biais le fait de présenter un surpoids augmente-t-il le risque de cancer ? On sait de longue date que les femmes ménopausées ayant un excédent pondéral ont un taux d'oestrogènes dans le sang plus important que celles qui sont minces, notamment du fait d'une conversion au sein du tissu graisseux des androgènes en oestrogènes. «Il a été montré qu'un régime pauvre en graisses réduit la production d'oestrogènes endogènes et la densité des seins à la mammographie, qui sont des facteurs importants de risque de cancer du sein», poursuit le docteur Mc Tiernan.

ASCO

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