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Réchauffement de l'Arctique : les scientifiques tirent la sonnette d'alarme

L'Arctique, où les températures augmentent deux fois plus vite qu'ailleurs, pourrait présenter un visage très différent d'ici la fin du siècle avec une disparition totale de la glace en été et un changement radical de sa biodiversité, alerte un rapport scientifique publié lundi. Avec des émissions futures de dioxyde de carbone (CO2) et d'autres gaz à effet de serre "modéré", les températures moyennes enregistrées dans la région risquent d'augmenter de 4 à 7 degrés d'ici 2100, révèle l'Etude sur l'impact des changements climatiques dans l'Arctique (ACIA) réalisée par plus de 250 chercheurs. "C'est important parce que ce qui se passe là-bas annonce ce qui va se produire sur le reste de la planète", a expliqué Paal Prestrud, directeur du Centre d'études sur les changements climatiques (CICERO) norvégien et vice-président de l'ACIA. Le réchauffement de l'atmosphère risque de provoquer la disparition totale, en été, de la calotte glaciaire en l'espace d'un siècle et de menacer les espèces vivant sur la banquise telles que l'ours polaire, prévient le rapport --le plus détaillé jamais entrepris sur la question-- commandé par le Conseil arctique. D'autres espèces, venues des contrées tempérées, prendront le relais. "C'est un paradoxe : la fonte des glaces augmentera la biodiversité mais les espèces arctiques seront elles en danger", a souligné M. Prestrud. Selon une des projections utilisées, la glace pourrait avoir totalement fondu, en période estivale, dès 2070. Les chasseurs inuits et les éleveurs de rennes lapons se plaignent pour leur part de ne plus être en mesure de prévoir les changements climatiques et les précipitations de neige sur le court terme. Si la fonte de la banquise ne provoque pas en soi de hausse du niveau des océans (la glace flottante prend plus de place que l'eau qu'elle contient), la fonte des glaciers terrestres devrait en revanche provoquer un relèvement accéléré du niveau des océans --les estimations varient de 10 à 90 cm--, obligeant au déplacement des populations vivant sur le littoral. Le recul de la banquise a aussi des effets positifs, soulignent les chercheurs : il permettra à terme d'ouvrir un "passage nord" pour le trafic maritime entre les océans Pacifique et Atlantique --permettant des gains de temps par rapport au trajet passant par le canal de Suez"-- ainsi que de nouveaux espaces à la pêche et à l'exploitation minière. "Ce n'est pas seulement négatif, ça ouvre aussi des possibilités. Cela dépend du point de vue : la compagnie pétrolière pense que c'est une bonne chose mais l'inuit sur la banquise est certainement d'un autre avis", a précisé M. Prestrud. La région arctique recèlerait un quart des ressources totales d'hydrocarbures. Les ministres des Affaires étrangères des huit pays du Conseil arctique --Etats-Unis, Canada, Russie, Japon, Finlande, Suède, Islande et Norvège--, responsables à eux seuls d'environ 30 % des émissions humaines de CO2, doivent se réunir le 24 novembre à Reykjavik pour réfléchir aux suites politiques à donner au rapport. Celui-ci n'émet aucune recommandation mais, selon M. Prestrud, il plaide pour une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Après avoir reçu une copie de l'étude, Knut Arild Hareide, ministre norvégien de l'Environnement, a réaffirmé son attachement au protocole de Kyoto qui prévoit une réduction de 5 % des émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur niveau de 1990. "Nous avons besoin d'un Kyoto II, III, IV" pour remplir l'objectif du panel de l'ONU sur les changements climatiques (une réduction de 50 % des émissions en 30 ans), a-t-il affirmé. "Le protocole de Kyoto seul n'est pas suffisant. Nous avons besoin de traités internationaux ambitieux", a-t-il déclaré. La Russie a décidé le mois dernier de ratifier le protocole de Kyoto, permettant ainsi au traité d'entrer en vigueur, mais les Etats-Unis continuent de s'y refuser.

ACIA

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