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Le réchauffement du climat modifiera le débit des rivières alimentées par les glaciers

Un sixième de la population mondiale, soit un milliard de personnes, dépend des glaciers et de la couverture neigeuse pour son alimentation en eau. Mais le réchauffement climatique pourrait modifier de façon sévère la disponibilité de cette ressource, selon une étude parue dans la revue Nature.

Les Américains Tim Barnett, Jenny Adam et Dennis Lettenmaier décrivent un mécanisme implacable : "Dans un monde plus chaud, écrivent-ils, il y a moins de chutes de neige en hiver et la fonte survient plus tôt au printemps." Même si le volume de précipitations restait inchangé, chacun de ces effets se traduirait par l'avancée du pic du niveau des rivières vers l'hiver et le début du printemps, plutôt qu'en été ou en automne, où la demande est la plus haute. "Là où les capacités de stockage sont insuffisantes, la plupart de cette eau de fonte sera immédiatement perdue dans les océans", prédisent les chercheurs, qui précisent que les régions concernées concentrent une bonne part des pays industrialisés et produisent un quart du produit intérieur brut de la planète.

Dans le même numéro de Nature, une seconde étude décrit l'évolution des débits moyens des rivières prédite pour 2050 par un ensemble de 12 modèles climatiques. Ils augmenteraient de 10% à 40 % en Afrique de l'Est équatoriale, dans le bassin de La Plata et les hautes latitudes d'Amérique du Nord et d'Eurasie, mais baisseraient de 10 % à 30 % dans le sud de l'Afrique et de l'Europe, le Moyen-Orient et l'Amérique de l'Ouest. Ces modèles ne prennent cependant pas en compte les phénomènes saisonniers pointés par Barnett, Adam et Lettenmaier.

Ces trois chercheurs citent plusieurs exemples de l'impact de cette modification hydrographique. Dans l'Ouest américain, les modèles climatiques prédisent un réchauffement de 0,8 à 1,7°C d'ici au milieu du siècle. Les précipitations devraient rester proches des niveaux actuels. En revanche, le débit de pointe devrait survenir un mois plus tôt au printemps, et il n'existe pour l'heure pas assez de réservoirs pour stocker cette eau, qui finira à la mer. Les gestionnaires de la rivière Columbia devront choisir : soit réduire de 10 % à 20 % la production hydroélectrique, qui nécessite un soutien d'étiage en été ou à l'automne, soit porter atteinte au saumon, espèce protégée qui vient frayer au printemps et à l'été...

Pour le bassin rhénan, une étude de 2001 indiquait que son régime, actuellement mixte entre les précipitations et la fonte des neiges, dépendrait plus à l'avenir des chutes de pluies. Le fleuve devrait connaître une multiplication des débits de pointe, qui seraient plus élevés, mais aussi des étiages plus longs et plus fréquents. L'impact sera une baisse de la disponibilité de l'eau pour l'industrie et l'agriculture, une hausse des périodes durant lesquelles les navires ne pourront naviguer à pleine cargaison, une diminution de la protection contre les inondations, une perte de revenu hydroélectrique dans certaines régions et... un raccourcissement de la saison de ski.

Les prairies canadiennes pourraient, elles, connaître un accroissement de la fréquence et de la sévérité des sécheresses. Dans cette région, la moitié de l'eau est utilisée pour l'irrigation et principalement tirée de la surface, contrairement aux prairies américaines, où elle est puisée dans le sous-sol. Une compétition accrue entre les divers besoins en eau pourrait donc survenir et certains accords entre Etats, sur le débit des rivières, pourraient être remis en question.

La fonte des glaciers aura aussi des conséquences dramatiques dans la région de l'Himalaya et de l'Hindu Kush, comme le rappelait récemment un rapport du WWF (Le Monde du 23 mars). Elle est déjà sensible : Yves Arnaud (IRD, laboratoire de glaciologie de Grenoble) a analysé les données topographiques et satellitaires disponibles. Elles montrent une diminution de l'épaisseur des glaciers himalayens variant de 0,2 m à 1 mètre chaque année depuis cinquante ans. Dans les Andes aussi, le même phénomène de fonte des glaces dites "fossiles" est en cours - à de rares exceptions près, liées à des conditions locales.

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