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La recette de l'éolien offshore

L'Allemagne a quasiment achevé la mise en place d'un cadre réglementaire et juridique propice à l'essor de l'éolien offshore. Il n'en est rien côté français. C'est le constat fait à l'issue d'une conférence organisée par le Bureau de coordination franco-allemand énergie éolienne. Seul un projet de parc éolien offshore a obtenu un permis de construire en France, en septembre dernier, à Veulettes-sur-mer (Seine maritime). D'une puissance de 105 MW, il sera réalisé par le groupe allemand Enertrag. Il reste donc un long chemin à parcourir avant d'atteindre les 6.000 MW éoliens offshore en 2020.

A l'instar de l'Allemagne, qui a défini des zones d'aménagement de l'éolien offshore dans sa zone économique exclusive (ZEE), la France va lancer une planification stratégique pour l'éolien offshore, «prévue d'ici un an, si tout va bien», selon Christophe Le Visage, chargé de mission au Secrétariat général de la mer. Car les zones de développement de l'éolien (ZDE), outil terrestre, ne sont pas adaptées à la mer. Et ces installations ne devraient pas être soumises à la réglementation des installations classées pour la protection de l'environnement (ICPE), promet Thierry Chrupek, chargé de mission Energies renouvelables électriques au Meeddat.

Ensuite, il faudra s'attaquer à la prévention et la résolution des conflits d'usage. En Allemagne, «depuis juillet 2008, une entreprise reçoit une autorisation pour construire un parc s'il n'y a pas d'impact économique, environnemental, sur le transport maritime, ou de conflit d'usage», énumère Carolin Abromeit, responsable des procédures d'autorisation des parcs éoliens offshore à l'Agence fédérale allemande pour la navigation maritime et l'hydrographie (BSH) (1). L'expérience permet de recenser des conflits d'usage liés à la pêche, la défense, le tourisme et les ressources du sous-sol. Côté français, «nous devons repenser la manière dont il faut gérer le littoral, et passer d'une administration sectorielle (pêche, transport maritime) à une gestion intégrée, pour préparer l'introduction d'un usage permanent: l'éolien offshore», résume Christophe Le Visage.

Les tarifs d'achat de l'électricité éolienne offshore seront-ils revus à la hausse, voire modulés? De 130 euros le mégawattheure en France, il est fixé en Allemagne à 150 ?/MWh en moyenne jusqu'en 2015, selon la profondeur. Sans compter les autres «avantages» outre-Rhin. «En 2005-2006, nous nous sommes rendus compte que les coûts allaient dépasser de loin le cadre fixé: les investisseurs ne paieront donc pas le raccordement au réseau», explique Thorsten Falk, chargé de l'énergie éolienne, de l'intégration au réseau et du développement du réseau électrique au ministère fédéral allemand de l'environnement. La rentabilité d'un projet est de 10% en France, et d'au moins «2 points (...) de plus en faveur de l'Allemagne, et ceci malgré des coûts d'exploitation plus élevés du fait de l'éloignement de la côte (voir notre encadré, Ndlr), bien supérieur là-bas», calcule Philippe Gouverneur, directeur de l'établissement français du groupe Enertrag. La modulation des tarifs français d'achat selon la profondeur n'est pas à l'ordre du jour.

JDE

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