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Quand Internet rapproche les gens

Que fait Martine lorsqu'elle a besoin de trouver quelqu'un qui gardera son chat durant ses deux semaines de vacances à l'île d'Yeu ? Réponse : elle envoie un mail collectif à tout son immeuble. Et pour trouver qui descendra son vieux bureau à la cave ? Même opération. Pas de gros bras disponibles à l'horizon ? Aucun problème. Grâce aux nouveaux sites Web surfant sur les réseaux de quartier, Martine ira chercher à peine plus loin la personne qui lui rendra ce petit service...

"Tous ces outils permettent à la fois d'être très investi personnellement et en même temps de recréer des liens avec sa tribu, autrement dit, de pratiquer une forme d'individualisme collectif", confirme Éric Robertet, directeur de The Future Foundation en France. De toute façon, même les plus réfractaires doivent se faire une raison. Aujourd'hui, plus d'un Français sur deux dispose d'un accès au Web, se connecte au moins une fois par jour et surfe en moyenne treize heures par semaine sur le Net. Difficile d'échapper à la Toile.

Désormais, on se connecte pour quelque chose : pour partager ses goûts ou se retrouver en fonction de ses affinités. Mais aussi pour faire de vraies rencontres dans la vraie vie avec de vrais gens, donc près de chez soi. Bref, après le Web mondial, voici le Web... local.

Ainsi, le lien électronique, loin de tuer le lien social, peut le renouer. Les promoteurs de Peuplade l'ont bien compris. À défaut de favoriser les rencontres à l'échelle planétaire, ce site, créé il y a trois ans par des Parisiens et soutenu par la Mairie de Paris, offre la possibilité de lier connaissance avec des habitants de son quartier, voire de son palier.

Ne serait-ce pas plus simple de leur adresser la parole directement  ? «Pas forcément, répond Nathan Stern, l'un des concepteurs du site, par ailleurs sociologue. Car la culture numérique désinhibe les relations et par contrecoup, facilite les contacts.»

Et ça marche, puisque l'on dénombre déjà plus de 45.000 «peupladiens». Forte de ce succès, l'initiative, cantonnée pour l'instant à la capitale, devrait très prochainement essaimer dans les grandes villes de province. « Alors qu'Internet abolit habituellement les distances géographiques, Peuplade restaure l'éloignement », se félicite Nathan Stern. Une phrase qui sonne comme un slogan pour ce site de microproximité, animé par les habitants eux-mêmes.

Pour Stéphane Hugon, sociologue au Centre d'étude sur l'actuel et le quotidien (CEAQ), ce n'est qu'une réinterprétation moderne du café du commerce. «Il y a quelques années, c'était ringard de s'occuper de son quartier. Aujourd'hui, le futur ne tenant plus ses promesses, on réinvestit le présent et les liens de proximité. On redécouvre qu'on est de quelque part, qu'on est attaché à un lieu. Le sociologue Michel Maffesoli l'a montré : le lieu fait le lien.»

Autrement dit, le Web permettrait de rebâtir une sorte de village idéal, capable d'apporter un peu de chaleur humaine tout en préservant à chacun un semblant d'anonymat, donc de liberté. On rencontre sur ces sites de proximité des voisins qu'on aurait ignorés dans la vraie vie, on leur livre des aspects inédits de sa propre personnalité, et on intègre de nouvelles tribus «géographiques». «Tout cela favorise la mixité sociale» , se félicite Nathan Stern.

Figaro

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