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Une puce implantable pour prévenir la maladie d'Alzheimer

Peut-on imaginer, d'ici quelques années, que les personnes à risque de développer une maladie d'Alzheimer se voient proposer un implant sous-cutané pour prévenir la maladie neurodégénérative ? C’est possible, si l'on en croit les recherches menées à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL).

L’équipe suisse présente, en effet, les résultats d’une étude sur la souris “Alzheimer”. Par un système ingénieux, un implant injecté sous la peau délivre des anticorps en continu pendant plusieurs mois dans la circulation sanguine. Les anticorps franchissent la barrière hémato-encéphalique et atteignent le cerveau, stimulant les défenses immunitaires de l’animal. Résultat : la pathologie cérébrale de l’animal est sensiblement réduite ! “Cette thérapie, peu invasive, pourrait être utilisée avant que la maladie ne se développe”,  assure Bernard Schneider, coauteur de l’étude.

Pour comprendre le principe il faut se rappeler que la maladie d’Alzheimer se caractérise par l’accumulation au fil du temps d’une protéine cérébrale anormale, l’amyloïde bêta, qui s’agrège en plaques. Cette accumulation proviendrait, selon les études précédentes, d’un mauvais nettoyage (clairance) du cerveau. À long terme, les plaques amyloïdes déclenchent une tauopathie, une altération d’une protéine (Tau) du neurone qui aboutit à leur neurodégénérescence, à l’origine des symptômes (pertes de mémoire, désorientation, confusion, troubles comportementaux...), selon l’hypothèse de la “cascade amyloïde”, en tout cas, étayée par des preuves génétiques solides.

Bloquer l’accumulation et l’agrégation de l’amyloïde bêta en début du processus est une stratégie privilégiée actuellement par de nombreux essais cliniques. Une des méthodes consiste à stimuler le nettoyage déficient du cerveau, en stimulant les défenses immunitaires. Une sorte de vaccin ou immunothérapie.

Pour cela, on injecte des anticorps dirigés contre l’amyloïde bêta, qui vont se fixer sur les protéines anormales et attirer les cellules nettoyeuses du cerveau. Plusieurs essais thérapeutiques de phase 2 et 3 sont en cours (Aducanumab, crenezumab et Solanezumab). “Aujourd’hui les essais sont menés par l’injection d’anticorps en intraveineuse, une fois par mois, qui nécessite une hospitalisation, souligne Bernard Schneider. Outre le fait que c’est contraignant, cela provoque un pic important d’anticorps soudain dans l'organisme, qui n’est pas sans poser de problème".

C’est pourquoi l’équipe de l'EPFL a eu l’idée de créer un implant spécifique pour diffuser ces anticorps anti-amyloïdes. Pour cela, les scientifiques ont encapsulé de véritables usines à fabriquer des anticorps : des cellules musculaires de souris, génétiquement modifiées pour produire les précieuses molécules.

Une fois que la capsule de 27 millimètre de longueur sur 12 de largeur est placée sous la peau, elle libère des petites doses journalières d'anticorps qui rejoignent alors la circulation sanguine, jusqu’au cerveau. Et ce, pendant dix mois ! Les résultats sont prévus en 2022. S'ils sont probants, l’implant prendra tout son intérêt. “Il pourrait être injecté aux patients à risque, dix ans avant les premiers symptômes, dans l’espoir de les retarder”, conclut le chercheur. Une véritable espoir de prévention est né.

Article rédigé par Georges Simmonds pour RT Flash

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