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Le projet géant de Suez dans le solaire

Coincé entre le parc régional du Lubéron et le massif des Écrins, Curbans (Alpes-de-Haute-Provence) est un village de 420 âmes à peine. C'est dans cette petite commune qu'Electrabel France (filiale de Suez) a choisi d'installer ce qui serait à ce jour la plus grande centrale solaire d'Europe. Au sommet verglacé du col de Blaux, à près de 1 000 mètres d'altitude, Daniel Rolland, maire du village, promène son 4×4 sur les trois plateaux, au total 300 hectares, qui devraient bientôt accueillir entre 150 000 et 250 000 panneaux solaires pour une puissance installée « de 30 à 50 mégawatts crête (MWc) », l'équivalent d'une vingtaine d'éoliennes. Par comparaison, l'immense centrale en construction dans les environs de Leipzig n'occupera que 220 hectares. « Voyez ici, il n'y a pas la moindre trace d'ombre. Le terrain est exposé plein sud, et le soleil brille du matin au soir.

L'élu, agriculteur en retraite, qui termine son quatrième mandat, est fier de son coup. Sûr des qualités d'ensoleillement de son site, c'est lui, avec son équipe municipale, qui est allé chercher des groupes intéressés pour investir sur une commune, qui abrite déjà une centrale électrique EDF sur la rive gauche de la Durance et un barrage hydraulique. C'est même Curbans qui s'est payé le luxe de choisir la filiale de Suez face à deux concurrents également alléchés par l'offre. « Ce n'est pas Suez qui mettait le plus d'argent sur la table, mais nous avons choisi cette entreprise pour les valeurs éthiques qu'elle véhicule », soutient Daniel Rolland.

C'est à peine un mois après leur rencontre en novembre dernier, qu'Electrabel et Curbans signent une promesse de bail de trente ans renouvelable deux fois dix ans sous réserve d'une modification du plan local d'urbanisme. Electrabel, qui n'a pas encore obtenu d'autorisation auprès de l'administration française, investira entre « 150 et 250 millions d'euros » sur le site, en fonction de ce qui lui sera permis de réaliser.

Un investissement encore jamais consenti en France où le marché du photovoltaïque, bien qu'à la traîne par rapport au reste de l'Europe, est en plein essor. Les projets fourmillent et les groupes sont en quête de sites. « C'est une aubaine que la commune soit venue nous chercher car le lieu qui est situé en altitude, loin des regards, ne reçoit pas d'ombre, qui plus est dans la région la plus ensoleillée de France, affirme le responsable technique du projet chez Electrabel, Thierry Robot. Le développement des centrales photovoltaïques est tout neuf. Cela fait à peine plus d'un an que les industriels se sont vraiment lancés dans cette course. La tenue du “Grenelle de l'environnement” n'y est pas étrangère », explique-t-il encore.

En France, l'objectif de production d'énergie photovoltaïque s'élève à 150 MWc en 2010. Si le projet de Suez dans les Alpes-de-Haute-Provence voit le jour, il représenterait, à cette date et à lui seul, un tiers de la puissance hexagonale. Une fois opérationnelle, la centrale emploiera une quinzaine de personnes, ce qui permettra au site d'atteindre son seuil de rentabilité vingt ans après que le premier Watt aura été produit et vendu.

Un premier Watt qu'Electrabel aimerait commercialiser dès la fin 2009. Une bénédiction pour Curbans, d'autant que les panneaux solaires ne seront pas (ou presque) visibles depuis la vallée. Comme le résume ce chasseur autochtone qui voit le projet d'un bon oeil : « Là où elle sera, cette centrale ne dérangera que les sangliers.»

Figaro

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