Comme la langue d'Esope, Internet peut porter le meilleur, mais aussi le pire.
Pourquoi ne pas l'affirmer avec force ? Sans Internet et les réseaux sociaux qui se sont multipliés dans cette dernière décennie, le développement du Djihadisme n'aurait pu se faire.
On ne pourra m'accuser de parti pris ou de volonté de « créer du buzz », comme on dit maintenant, car je suis certainement l'un des plus anciens parlementaires à avoir dit et écrit, dès 1994, qu'Internet allait autant changer l'Humanité que ne l'avait fait, 5 siècles plus tôt, l'invention de l'imprimerie. A la demande d'Alain Juppé, alors Premier Ministre, j'avais rédigé en 1996 et 1997 un ouvrage particulièrement prémonitoire, que j'avais intitulé « Des pyramides du Pouvoir aux réseaux de Savoirs ». De nombreuses annonces faites dans cet ouvrage se sont maintenant réalisées. J'y soulignais combien « Les réseaux » allaient prendre d'importance et je présumais déjà, avec tristesse, que les Pouvoirs Politiques, dans le haut de leurs pyramides, ne verraient pas venir la puissance de ces réseaux. C'est maintenant si vrai que les gens de la base, le Peuple, ressentent que leurs responsables politiques sont souvent « hors sol » et n'éprouvent pas avec la même intensité les angoisses qui leur nouent le ventre. Aussi, aujourd'hui, j'ai décidé de sortir un peu de ma ligne éditoriale respectée dans RT Flash depuis 1998 qui veut que chacun de mes éditoriaux aborde essentiellement des sujets mettant en exergue l'évolution des connaissances humaines dans les domaines des Sciences et des Technologies. Des centaines de milliers, sinon des millions de chercheurs, partout dans le Monde nous permettent d'annoncer que la somme des connaissances de l'Humanité va connaître une croissance exponentielle dans le Siècle qui vient. Dans la seule prochaine décennie, c'est-à-dire d'ici 2026, l'Humanité va acquérir autant de connaissances nouvelles que notre Monde n'en avait acquis depuis l'origine de l'Homme.
Or, nous ne connaîtrions pas cette croissance exponentielle des connaissances si Internet ne permettait pas de relier entre eux tous les chercheurs du Monde.
Mais cela est le meilleur…
Dans le même temps, Internet produit le pire. Il permet à des fous d'Allah, cachés au cœur du Moyen-Orient, de pénétrer dans des cerveaux faibles et de les inciter, avec le don de leur vie, à provoquer des actes de terrorisme dont le but ultime est de créer la peur et d'obtenir des réactions médiatiques d'une telle ampleur que nous pourrions croire que nous sommes en guerre !
C'est, à mon avis, une très mauvaise interprétation car, quand on emploie le mot de « guerre », on laisse croire que les forces auxquelles nous sommes opposés sont de même importance que nos propres forces, les forces détenues par les Démocraties.
Or, il n'en est rien ! Même si les forces de DAECH semblent être partout dans le monde, avec la résonance médiatique donnée par les médias, ils ne sont, au mieux, que quelques centaines, en Syrie et Irak, à semer des idées mortifères, grâce à Internet, qui touchent des esprits faibles dans le Monde entier.
Et oui, soyons réalistes, ils ne sont que quelques centaines à semer la terreur alors que nous sommes des milliards, dans nos Démocraties, à chercher la Paix et l'accès au Bonheur !
Ce n'est donc pas de guerre dont il faut parler, mais d'un cancer qui frappe notre Humanité …
Pour trouver une solution à la grave situation actuelle ce ne sont pas exclusivement des solutions politiques qu'il faut aller rechercher, mais celle-ci se trouve, sans hésitation, dans une utilisation pertinente des technologies les plus récentes.
Et là, permettez-moi de retrouver la ligne éditoriale de RT Flash !
Examinons comment des chercheurs du Monde entier font progresser, depuis quelques années, nos connaissances sur le cancer, et essayons de voir si certaines des méthodes expérimentées ne pourraient pas tarir le djihadisme dans nos Démocraties.
Dans le cancer, certaines de nos cellules, parce qu'elles ne sont plus protégées par notre immunité, reçoivent des messages qui les incitent à se reproduire sans fin. Pour lutter contre cela, les chercheurs les plus en pointe, réussissent actuellement à réactiver l'immunité naturelle des malades du cancer en permettant aux lymphocytes T de redevenir opérationnels. D'autres voies porteuses d'espérance ont pour finalité de couper les cellules cancéreuses de toute nourriture et de toute communication.
Or, à l'origine, ces djihadistes sont des êtres humains comme les autres qui, en quelques semaines parfois, se transforment en cellules cancéreuses qui ne respectent plus aucune règle et qui sont prêts à se suicider pour détruire les cellules saines qui les entourent.
Il faut donc agir avec les esprits faibles qui sont visés par les propagandistes de DAECH, comme nos chercheurs le font avec les cellules cancéreuses.
Il faut les déceler et leur couper toute possibilité de contact avec leurs endoctrineurs.
Ces jours derniers, que ce soit pour l'attentat de Nice ou celui de Saint Etienne du Rouvray, les premières études mettent en évidence le rôle joué par Internet et les téléphones dans les radicalisations des auteurs.
Certes, pour l'un des auteurs de l'attentat de Saint Etienne de Rouvray, remarqué par la police depuis 2015, le juge d'instruction a jugé préférable de le faire sortir de prison et de le mettre sous contrôle judiciaire, avec un bracelet électronique. Cette idée n'était certainement pas mauvaise, tant le djihadisme radical est semé dans les prisons par des individus qui ont pour seule mission, en se faisant incarcérer, de semer la parole de haine et d'endoctrinement aux solutions les plus extrêmes.
Mais là où le juge a eu tort en décidant de réintégrer ce futur terroriste dans son milieu familial, est de ne pas avoir tenté, comme on l'aurait fait avec une cellule cancéreuse, de totalement l'isoler de l'extérieur et de lui interdire toute sortie. Ayons bien conscience que le forcené de Saint Etienne du Rouvray a commis son abominable crime, dans les moments de liberté autorisés par le Juge.
Si ce personnage odieux n'avait pu sortir de chez lui, sans immédiatement alerter les forces de police les plus proches, il lui aurait été difficile de perpétrer ce triste attentat.
Mais ce n'est pas par le seul bracelet électronique, (d'autant qu'ils ne sont pas encore équipés d'un positionnement GPS comme le sont maintenant de nombreuses montres), qu'on éradiquera ce cancer qu'est le djihadisme. Pour cela, il était nécessaire que ce djihadiste déjà confirmé (2 tentatives de départ vers la Syrie) ne puisse plus communiquer par Internet, par téléphone, par courrier, ou par tout autre moyen de communication, avec des personnes de l'extérieur et se rendre en toute liberté sur des sites djihadistes qui prêchent la haine. Il ne devrait recevoir aucune visite. Dans le cas de ce forcené qui se trouvait chez ses parents, la Loi devrait prévoir les plus graves sanctions pour les proches qui seraient tentés de lui fournir des moyens de communication. La résidence de ce djihadiste aurait dû être surveillée 24 H sur 24, 7 jours sur 7, sous tous les angles, par des caméras automatiques qui signaleraient toutes les entrées et sorties. Les proches eux-mêmes devraient renoncer à Internet et devraient être avertis que toutes leurs conversations téléphoniques seraient surveillées. Les proches seraient avertis qu'il serait particulièrement grave, pour eux, de porter à l'extérieur et de ramener au djihadiste des messages confiés par des inconnus.
Certes, comme dans le cas des cellules cancéreuses, les djihadistes découvriront des voies inconnues à ce jour pour communiquer avec l'extérieur. Il faudra, en permanence, être en éveil, découvrir et fermer à jamais ces voies nouvelles de communication.
Si depuis des années nous avions appliqué systématiquement ce système ultime de privation de communication à tous les djihadistes présumés, il est à penser que tous les attentats connus par la France depuis 2012 auraient été beaucoup plus difficiles à organiser par ces personnages frappés de folie.
Je sais que certains vont me traiter de farfelu quand ils vont découvrir ce système d'isolation totale d'un individu dangereux ou susceptible de se radicaliser. Ils le qualifieront aisément « d'usine à gaz ». Mais cela ne me fâchera pas tant je suis surpris parfois, lors de congrès scientifiques, d'entendre des chercheurs, qui n'ont jamais rien « trouvé » critiquer facilement les idées lumineuses proposées par leurs collègues « chercheurs-trouveurs ».
Il est nécessaire que l’État lance, sans retard, un appel d'offres public pour inciter les entreprises les plus innovantes de notre Pays, à proposer, sans retard, un système intégré, facile à installer, raisonnable dans son prix et particulièrement difficile à craquer par des hackers, dans les maisons et appartements dans lesquels devront être totalement isolés les personnages dangereux ou susceptibles de se radicaliser.
Si ces personnages dont l'isolement complet est décidé par le juge vivent seuls dans leur maison ou leur appartement, des associations reconnues qualifiées par le Ministère de la Justice, devront désigner des personnes assermentées pour leur apporter quotidiennement de quoi vivre.
Dorénavant, les déclencheurs d'alerte devraient être placés beaucoup plus en avant qu'actuellement.
Dès qu'un individu se rendra régulièrement sur un site djihadiste (nous avons les moyens pour le savoir), dès qu'un individu, par sa présentation, son habillement, ses conversations, se rapprochera du djihadisme, il devra savoir que la justice pourra prendre la décision de totalement l'isoler pour de nombreux mois sinon plusieurs années.
De bonnes âmes rétorqueront, immédiatement, que la méthode que je propose est trop inhumaine, et qu'on ne peut ainsi isoler totalement des êtres humains. Je les comprends, mais accepteraient-ils que, peu à peu, ces cellules cancéreuses que sont les djihadistes se multiplient et perpétuent de nombreux attentats ?
Si nous n'éradiquons pas ce cancer mortel qu'est le djihadisme, il va se généraliser et, alors, les moyens que devront employer nos Démocraties les rapprocheront de plus en plus des régimes totalitaires, comme nous le constatons actuellement en Turquie.
Faisons en sorte qu'en 2050, lorsque l'Humanité aura atteint les neufs milliards d'êtres humains, les Pouvoirs Publics d'alors ne soient pas incités, sinon obligés, de marquer de façon inviolable chaque être humain par une puce placée au plus profond d'un muscle, pour que chacun soit suivi, à chaque instant, quel que soit l'endroit où il se trouvera sur terre. Certes, ce traçage universel devrait faire en sorte qu'aucun crime reste impuni mais cela n'éradiquerait pas le cancer généralisé qui guette nos Sociétés. En effet, les cellules cancéreuses sont prêtes à se sacrifier pour remplir leur terrible mission. Il en est de même pour les djihadistes radicalisés.
René TREGOUET
Sénateur Honoraire
Fondateur du Groupe de Prospective du Sénat