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Les premiers singes chimériques sont nés !
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Trois singes chimériques, composés de l’ADN de six cellules souches embryonnaires différentes, viennent de voir le jour aux États-Unis. L'innovation ouvre de nouvelles perspectives dans les thérapies reposant sur les cellules souches.
C’est une première mondiale. Si l’on avait déjà réalisé des animaux chimériques depuis les années 1960, le succès s’était limité aux souris, rats, lapins, moutons et vaches. Désormais, une étape supplémentaire a été franchie puisque la performance a été réalisée chez des primates. Ce qui n’était pas une mince affaire…
En effet, chez des souris, l’expérience était réussie lorsqu’on injectait des cellules souches embryonnaires dans un blastocyste. Mais chez les singes, cela ne fonctionne pas car ces cellules ne sont que pluripotentes et non totipotentes. Le palier est désormais franchi, et des chercheurs du Centre national de la recherche sur les primates de l’université d’Oregon viennent de dévoiler la recette de leur réussite sur le site Internet de la revue Cell, avant publication dans la version papier le 20 janvier.
- Trois macaques chimériques avec six génomes différents
Cette fois, les biologistes ont agi plus tôt, en prélevant les cellules embryonnaires totipotentes de plusieurs macaques rhésus différents, récupérées lors du stade 4 cellules (une des toutes premières phases du développement de l’embryon). Entre 3 et 6 cellules provenant d'embryons différents ont été collées ensemble pour créer 29 blastocystes chimériques. Les chercheurs ont ensuite gardé les 14 qui paraissaient les plus solides pour les implanter dans 5 femelles macaques. Toutes ont démarré une gestation mais les chercheurs n'ont laissé se développer que trois petits.
« Les cellules ne fusionnent pas mais travaillent ensemble à l’élaboration des tissus et des organes » commente Shoukhrat Mitalipov, l’un des auteurs de l’étude. Après 5 mois et demi de gestation, trois petits macaques rhésus (Macaca mulatta) ont vu le jour, en pleine forme et en bonne santé. Les scientifiques les ont affublés de noms à la hauteur de la performance. Chimero d’abord. Roku et Hex ensuite, deux (faux) jumeaux, dont les noms signifient 6 en japonais et en grec, pour rappeler le nombre de lignées embryonnaires différentes qui les composent. Pour l’anecdote, tous sont biologiquement des mâles mais Roku présente des cellules femelles dans son organisme.
- Des singes qui ont beaucoup à nous apprendre
Ce genre d’expérience n’a pas été tenté pour le plaisir ou la gloire. Jusque-là, on utilisait le modèle murin pour réaliser des expériences thérapeutiques à base de cellules-souches. Or, la transposition à l’Homme pose de nombreux problèmes du fait de l’éloignement phylogénétique entre les deux espèces. Par cette performance, on s’approche davantage de la compréhension du fonctionnement des cellules souches dans l’espèce humaine.
«Nous ne pouvons pas tout modéliser à partir de la souris, ajoute Mitalipov. Si nous voulons extrapoler les thérapies cellulaires des laboratoires à la clinique et de la souris à l’Homme, nous devons absolument saisir ce que ces cellules de primates peuvent et ne peuvent pas faire.»
Les thérapies cellulaires visent à remplacer un tissu mort ou malade par un neuf et en bonne santé. Cela concerne donc de nombreuses maladies, de Parkinson au cancer en passant par le diabète. Actuellement, même si certains traitements sont appliqués avec succès, ils restent limités par des lacunes persistantes. Ces petits singes pourraient nous en apprendre beaucoup sur nous-mêmes…
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- Publié dans : Biologie & Biochimie
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