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Le premier robot anesthésiste est testé en France

Un prototype d'automate qui endort et réveille le malade tout seul a été inventé par des médecins de l'hôpital Foch à Suresnes. Ce prototype d'automate est chargé par les médecins anesthésistes de piloter en leur présence et sous leur contrôle permanent la descente dans le sommeil et la remontée vers la conscience des opérés. Tout comme un système de pilotage automatique dans un avion, la machine (c'est un système informatique) contrôle le «pilotage» de la profondeur du coma et la lutte contre la douleur de l'opération. Pour le moment, au bloc opératoire de l'hôpital Foch (Suresnes) où les Docteurs Chazot et Liu peaufinent leurs prototypes, seules deux salles sur douze sont équipées. Mais les hôpitaux Beaujon, Cochin, la Pitié-Salpêtrière, tout comme les CHU d'Angers, Tours, Besançon, des centres anticancéreux (Marseille, Saint-Cloud, bientôt Toulon), et Berlin, Bruxelles, Nouméa (en tout, 50 investigateurs) participent également à ce projet de recherche biomédicale multicentrique.

Aujourd'hui, dans ce robot, une seule électrode capte les ondes complexes produites par le cerveau (ondes rapides de l'éveil, envahissement d'ondes lentes du sommeil, suppression des pics du sommeil profond). L'appareil connecté à l'électrode calcule à partir des fréquences présentes un nombre sans dimension (appelé BIS, pour bi­spectral index) entre 0 et 100 grâce à un algorithme. Zéro, c'est l'absence d'activité cérébrale ; 100, l'éveil conscient. Pour la chirurgie, une anesthésie générale bien conduite réclame d'être entre 40 et 60.

Plus la dose d'anesthésique utilisée est forte, plus le malade «dort», plus le BIS descend. Mais le BIS peut aussi servir d'alarme : en cas d'embolie gazeuse obstruant les vaisseaux du cerveau, le BIS descend encore. C'est donc un signe du bien-être cérébral pendant l'opération. Améliorant cet outil, les médecins de Foch ont mis au point un automate informatique qui endort et réveille le malade sans intervention humaine. Le malade a donc l'électrode sur le front connectée au moniteur d'EEG qui envoie ses données à un ordinateur portable qui commande à son tour des seringues électriques contenant l'une du Propofol (un hypnotique d'action courte), l'autre du Rémifentanil (un morphinique rapide). Nous avons assisté à «l'induction» d'une anesthésie avec ce robot : comme dans un sous-marin, le «profondimètre» du sommeil descend dès que la séquence est lancée par le médecin d'un clic de souris informatique. Le tracé EEG rejoint sur l'écran la fourchette désirée, la vitesse de débit et la dose de médicaments s'affichent.

Parallèlement, le capteur de l'activité musculaire spontanée (EMG) affiche une «descente» au fur et à mesure que la seringue électrique injecte le curare paralysant les muscles. Lorsque le malade est totalement relaxé, l'anesthésiste peut introduire dans les voies aériennes supérieures du malade un tube. Il sera branché sur le ventilateur qui va assurer la respiration artificielle pendant l'opération. «Nous sommes les maîtres des machines qui sont nos esclaves», précise le Docteur Liu. Il n'existe pour l'instant aucun robot commercial, puisqu'il s'agit d'un projet de recherche biomédicale en cours. Mais les spécialistes sont persuadés que dans cinq ans les robots d'anesthésie auront envahi les blocs opératoires. Libérés de ces tâches de «petites mains» pousse-seringues, les médecins anesthésistes auront plus de disponibilités pendant le take off et l'atterrissage pour la vraie surveillance des signes vitaux, la sécurité du malade, son installation en bonne position. Bref, pour effectuer leur vrai travail de docteur...

Figaro

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