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Le porc : la solution au manque de dons d'organes ?

La nouvelle évaluation de la Fondation allemande de greffe d'organes a montré une baisse du don d'organe en Allemagne ces dernières années. Environ un millier de patients sur les 12.000 en attente de greffe meurent chaque année. Afin de compenser ce manque, les scientifiques envisagent, depuis quelques années, d'utiliser des tissus voire des organes d'animaux, notamment de porc, bon candidat pour la transplantation. Il est néanmoins nécessaire de bloquer préalablement les complexes mécanismes de rejet, inéluctable entre les deux espèces. L'équipe internationale, composée du Prof. Elisabeth Weiss et du Prof. Eckhard Wolf du Centre génétique de l'Université Ludwig Maximilian de Munich (LMU), vient de réussir à modifier génétiquement des porcs afin que leurs tissus ne soient plus attaqués par les cellules tueuses du système immunitaire.

Le système immunitaire humain et notamment les lymphocytes NK (Natural Killer, "cellules tueuses naturelles") protègent l'organisme des autres éléments étrangers. Sans traitement complémentaire, un tissu greffé sera donc attaqué par l'organisme jusqu'à sa destruction complète. Cette réaction est d'autant plus intense dans le cas d'une xénogreffe, c'est-à-dire d'une greffe de tissus ou d'organes d'une espèce à une autre (ex: du porc à l'Homme).

Partout dans le monde, plusieurs groupes de recherche travaillent à modifier certaines régions du génome porcin afin de le rendre compatible pour une transplantation humaine. Dans ce contexte, les équipes du Prof. Weiss et du Prof. Wolf sont maintenant parvenues à transformer le génome du porc de telle sorte que les cellules porcines ne soient plus identifiées par les récepteurs des cellules NK comme étant des cellules étrangères, évitant ainsi une réponse immunitaire de l'organisme humain conduisant à un rejet de la greffe. Les cellules saines de l'organisme portent à leur surface des molécules de classe 1 du complexe majeur d'histocompatibilité (CMH I) qui se fixent aux récepteurs des cellules NK pour empêcher l'activation de ces dernières. Chez le porc, il existe également des molécules CMH I. Celles-ci présentent toutefois une structure différente de celle des molécules CMH I humaines. Faute d'un arrangement semblable, les molécules CMH I porcines ne peuvent pas se fixer sur les récepteurs des cellules NK humaines, ce qui déclenche une forte réponse immunitaire en cas de xénogreffe.

Les spécimens de porcs génétiquement modifiés par les chercheurs présentent, quant à eux, des molécules CMH I humaines à la surface de leurs cellules. "Nous avons cultivé ces cellules avec des cellules NK humaines et activées", commente le Prof. Weiss qui poursuit : "La plupart d'entre elles sont restées intactes. Des cellules porcines classiques auraient été totalement détruites lors de la même expérience". Le Prof. Bruno Reichart, Directeur de la Clinique de chirurgie cardiaque Großhadern de Munich et porte-parole du groupe de recherche sur la xénogreffe voit dans cette étude une avancée importante vers la greffe d'organes d'animaux à l'Homme.

BE

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