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Plus de 500 000 complications médicales, dont près de la moitié seraient évitables
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Depuis trois décennies environ, du fait des progrès fulgurants, les accidents liés aux soins sont désormais vécus comme inadmissibles, les succès médicaux allant maintenant de soi. Quelle est l'importance dans notre pays de tous les événements indésirables liés aux soins, combien sont évitables et comment ?
Pour répondre à de telles questions, une grande enquête a été lancée entre avril et juin 2004 auprès d'un échantillon représentatif national d'établissements de soins privés et publics, médicaux et chirurgicaux, sous l'égide de la Direction des hôpitaux et de la Direction générale de la santé. Pendant une semaine en moyenne, dans 71 établissements de santé, tous les «événements indésirables graves» (EIG) liés aux soins ont été répertoriés par un médecin et un infirmier, qu'il s'agisse d'effets secondaires ayant motivé l'hospitalisation ou d'effets secondaires survenus lors de l'hospitalisation, de complications liées à un examen, un médicament ou une intervention chirurgicale. Ont été considérés comme «événement indésirable grave», ceux susceptibles d'entraîner une hospitalisation d'au moins une journée, ceux à l'origine d'un handicap ou d'une incapacité à l'issue de l'hospitalisation ou, bien sûr, ceux associés à une menace vitale ou un décès. Un «EIG» a été considéré comme évitable si l'on estime qu'il ne serait pas survenu si les soins avaient respecté la prise en charge conforme aux connaissances. Une telle méthodologie a permis d'observer 8 754 patients, soit au total 35 234 journées d'hospitalisation.
Les résultats permettent d'apprendre que 459 effets secondaires graves ont été identifiés sur les 35 234 journées observées. 195 étaient la cause de l'hospitalisation (45,5%) et 255 y étaient consécutifs. Ces «EIG» se produisent à part presque égale dans les services de chirurgie et de médecine et ont été observés dans la majorité des établissements. Ces accidents frappent en priorité des personnes fragiles : elles sont plus âgées que les autres et dans un état de santé plus sévère.
«En moyenne, dans l'ensemble des établissements, on peut estimer qu'environ 4,5 % des admissions en médecine et 3,5 % en chirurgie ont ainsi pour cause une complication (...). Les séjours causés par les EIG se situent dans une fourchette de 175 000 à 250 000 par an dont entre 70 000 et 110 000 seraient évitables», soulignent les enquêteurs. Ces événements ayant motivé une hospitalisation peuvent être consécutifs à des médicaments, des infections liées aux soins... Parmi les événements évitables cités dans l'étude, on peut noter, par exemple, un enraidissement du genou après pose d'une prothèse du genou chez une femme de 78 ans qui n'a pas bénéficié d'une rééducation suffisante, ou encore un accident vasculaire cérébral ischémique chez une femme de 61 ans dont le traitement anticoagulant qu'elle prenait depuis longtemps était sous-dosé.
Pour ce qui est des 255 événements indésirables au cours d'une hospitalisation, 149 ont été observés en chirurgie et 106 en médecine, soit par extrapolation, entre 350 000 et 460 000 événements indésirables par an à l'hôpital. Selon les auteurs, deux sur cinq soit entre 120 000 et 190 000 seraient évitables. Par exemple, un jeune homme de 20 ans a été victime d'un retard de traitement : il souffrait de douleurs lombaires liées à une fracture du rachis non diagnostiquée aux urgences, ce qui a été à l'origine d'un retard de traitement. Ou encore, une femme de 59 ans a présenté une plaie de l'estomac lors de l'ablation d'un rein par coelioscopie. Dans la majorité des cas (110 sur 255), ces EIG n'ont entraîné qu'une prolongation d'hospitalisation. Certaines complications sont inévitables, comme par exemple les allergies aux médicaments en général, certaines infections nosocomiales liées au mauvais état général du malade... Mais pourquoi ces événements indésirables graves évitables ? L'absence de protocoles, l'insuffisance d'information entre les professionnels et le patient, la charge de travail, les défauts de communication interne sont les principales pistes citées par les auteurs de l'enquête.
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- Publié dans : Médecine
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