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Le phénomène El Niño accélère la fonte des glaciers dans les Andes tropicales

L'ampleur d'El Niño en fait l'un des phénomènes climatiques les plus importants de la planète. Provoqué par le déplacement de l'ouest vers l'est d'une très grande masse d'eau chaude à la surface du Pacifique tropical de l'ouest, ce phénomène a des répercussions climatiques parfois catastrophiques sur toute la zone intertropicale. Le mouvement de cette eau donne en effet lieu à des précipitations intenses. El Niño de 1982-1983 et celui de 1997-1998 ont ainsi été particulièrement destructeurs. Non content de provoquer des catastrophes naturelles, ce phénomène induit une fonte accélérée des glaciers des Andes tropicales depuis 1976, date à partir de laquelle El Niño est devenu plus fréquent et plus intense. Cette évolution est d'autant plus inquiétante que l'approvisionnement en eau de nombreuses régions andines dépend des glaciers de la cordillère. Trois études récentes ont été réalisées sur deux glaciers représentatifs : le Zongo (6 000 à 4 850 m d'altitude), en Bolivie, et l'Antizana (5 760 à 4 800 mètres) en Equateur. Ils y ont effectué des bilans en termes de masse, d'eau et d'énergie. En principe, l'arrivée d'El Niño près des côtes sud-américaines se traduit par davantage de pluies. Sur les Andes, le processus est différent. " Les pluies qui alimentent les glaciers proviennent, pour une grand part, de l'océan Atlantique et du bassin amazonien. Or El Niño entraîne un réchauffement de l'atmosphère aux tropiques, ce qui modifie la circulation des vents qui poussent habituellement les précipitations vers les Andes, explique Vincent Favier. De ce fait, les précipitations sont moins importantes sur les contreforts andins."Ce processus a des répercussions sur les chutes de neige qui tombent sur les glaciers avec des modalités différentes en Equateur et en Bolivie. En Equateur, pays où la température varie peu pendant l'année, le réchauffement dû à El Niño entraîne des chutes de pluie plutôt que de neige. N'étant pas recouverte d'une couche neigeuse, la surface du glacier apparaît sombre. Elle absorbe ainsi davantage le rayonnement solaire, ce qui accélère sa fonte. En Bolivie, par contre, le déficit de précipitations se traduit par un retard du manteau neigeux. Gris, le glacier a aussi tendance à fondre énormément. Ainsi, pendant les périodes El Niño, les précipitations baissent de 10 % à 30 % et la limite pluie-neige sur les glaciers s'élève de 200 à 300 mètres lorsque la température de l'air augmente de 1 °C à 3 °C. En revanche, durant les périodes de Niña - phénomène inverse d'El Niño -, l'atmosphère est plus froide et les précipitations fréquentes et abondantes. La surface du glacier, couverte d'un manteau neigeux, réfléchit davantage l'énergie solaire, ce qui ralentit sa fonte. Ces études montrent que le réchauffement climatique " ne peut expliquer à lui seul le retrait observé dans la région" explique Anne Coudrain, hydrologue à l'IRD Montpellier. " Mais, on y perçoit très clairement une influence d'El Niño". Les périodes de fonte intense coïncident en effet- avec un décalage de deux à trois mois - avec les épisodes El Niño.

Le Monde : http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3238,36-380565,0.html

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