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Le patient se refait une santé sur Internet

Fini, les longues heures passées à ronger son frein dans la salle d'attente de son médecin. Aux oubliettes, les indéchiffrables ordonnances à présenter à son pharmacien. Le citoyen du XXIe siècle se soignera par Réseau interposé, qu'on se le dise. Science-fiction ? Pas si sûr. Outre-Atlantique, la santé en ligne est déjà une réalité. Une étude de l'Atelier de veille technologique de BNP-Paribas consacrée à l'e-santé aux Etats-Unis estime que quelque 10 000 sites lui sont aujourd'hui dédiés. Certains, souvent gratuits, permettent à l'internaute de se documenter sur des médicaments ou sur une maladie, de dialoguer avec une infirmière ou un médecin, d'accéder à une pharmacie virtuelle ou de contracter une assurance. D'autres, payants, vont jusqu'à proposer de véritables téléconsultations avec recommandations de traitement et prescription de médicaments en ligne. L'engouement pour ce type de pratique ne cesse de croître depuis deux ans. Selon un sondage Louis Harris, 60 millions d'Américains ont cherché de l'information concernant la santé en ligne en 1998, et une enquête de Deloitte & Touche révèle que 43 % des internautes utilisent régulièrement Internet pour trouver des réponses à des questions de santé et que plus de 80 % d'entre eux jugent pertinentes les informations récoltées." Les patients prennent le pouvoir ", analyse Gwenn Bezard, auteur de l'étude de l'Atelier. Au coeur de cette mutation de la relation patient-client, la virtualisation du dossier médical. Un nombre croissant de sites proposent en effet aux patients de conserver leur dossier médical sur le Net pour ensuite leur vendre des services à forte valeur ajoutée, allant des conseils personnalisés aux alertes médicales ciblées. Résultat : le patient s'approprie un dossier jusque-là entre les mains des seuls médecins. Revers de la médaille : il devient en même temps la proie de " nouveaux barbares ", des compagnies telles que AOL, CBS ou Microsoft, qui entendent court-circuiter les professionnels de la santé en montant de gigantesques portails, sorte de supermédecins référents virtuels, pour se tailler la part du lion sur un marché qui représente déjà plusieurs centaines de milliards de dollars aux Etats-Unis. La France échappera-t-elle à cette évolution ? Contrairement aux Etats-Unis, le système de sécurité sociale français n'est pas contrôlé par les assureurs. Les barrières législatives à la publicité pharmaceutique et médicale (principale source de financement des sites américains) et le faible taux de connexion à Internet sont autant de freins à l'extension, sur le Web, du marché français de la santé.

Le Monde : http://www.lemonde.fr/article/0,2320,seq-2066-34425-MIA,00.html

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