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On savait déjà peindre il y a plus de 100.000 ans

Dans une étroite cave d’Afrique du Sud, des archéologues ont découvert un «atelier» de peinture primitif vieux d’environ 100.000 ans et contenant de nombreux outils servant à mélanger les pigments, notamment des récipients en forme de coquille, les plus anciens jamais trouvés rapporte le Los Angeles Times.

Cette découverte, décrite dans la revue scientifique Science, suggère selon le Los Angeles Times que les humains ont été capables de penser avec des symboles et des images bien plus tôt qu’on le pensait. L’acquisition de la «pensée symbolique» aurait été une étape clés dans le développement de l’intelligence humaine et du langage.

Les objets ont été retrouvés dans la cave de Blombos, un site archéologique déjà bien connu, sur les côtes d’Afrique du Sud qui bordent l’océan Indien, à 290 kilomètres de Cape Town. Les deux récipients en terre présentent des résidus de couleur rouge, venant de fragments d’ocre, une pierre friable riche en fer qui permet de créer des nuances de rouge ou de jaune, et que les archéologues ont retrouvée en grande quantité sur les fresques de la grotte de Lascaux.

En mesurant les effets d’isotopes radioactifs sur les sédiments de quartz de la grotte, les chercheurs sont parvenus à montrer que ces instruments ont environ 100.000 ans. Cette découverte suggère ainsi que nos ancêtres savaient déjà peindre 80.000 avant que les peintures de Lascaux ne soient réalisées, même s’il reste désormais peu de peintures de cette époque aussi lointaine, explique le co-auteur de l’étude Francesco d’Errico, archéologue à l’université de Bordeaux.

Pour l’archéologue Christopher Henshilwood de l’université de Witwatersrand à Johannesburg interviewé par la BBC, ces outils ont pu servir à peindre de nombreuses choses : «Il est possible qu’ils aient servi pour peindre les corps, et la peau humaine.  Ils peuvent avoir été utilisés pour faire des croquis sur du cuir ou sur d’autres objets. Ils peuvent aussi avoir été utilisés pour peindre sur les murs, bien que les parois des grottes en Afrique du sud ne sont pas idéales pour la préservation de peintures sur roche.»

  • L'Afrique, bien avant l'Europe

Depuis quelques années, les scientifiques se demandent si ces mélanges de pigments ne servaient pas plutôt de résine afin de fixer des pierres aiguisées à des bouts de bois pour la chasse. Dans ce cas, le Los Angeles Times explique que ces récipients seraient plus un signe de progrès technique, que d’évolution cognitive et culturelle. Mais pour Francesco d’Errico l’analyse des résidus des deux bols est claire et montre bien que les mélanges d’ocre ont été utilisés pour peindre : «L’absence de résine ou de cire suggère que l’ocre n’a pas été utilisée comme de la colle.»

Quoi qu’il en soit, le professeur Chris Stringer du Musée d’histoire naturelle de Londres explique que cette découverte aura un impact considérable : «Il y a 20 ou 30 ans, on pensait que l’Europe était vraiment l’endroit où toutes les grandes avancées avaient eu lieu –des caves ornées de peintures magnifiques vieilles de 30.000 à 35.000 ans, et des gens qui décoraient leur corps. On sait maintenant que ce comportement existait bien avant en Afrique : ça date de 100.000 ans, et peut-être même plus.»

Slate

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