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On peut gagner de 5 à 10 ans de vie en bonne santé

Dans le message qui introduit le « Rapport sur la santé dans le monde 2002 », le Dr Gro Harlem Brundtland, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), n'hésite pas à se montrer alarmiste. C'est pour mieux convaincre les décideurs, mais aussi les médecins et le public, dans le monde entier, de suivre les recommandations du rapport intitulé « Réduire les risques et promouvoir une vie saine ». « Beaucoup d'entre nous vivent dangereusement, consciemment ou non », souligne le Dr Brundtland, en ajoutant que ce rapport « doit être un appel à la communauté mondiale pour qu'elle sorte de sa léthargie ». Et comme la peur ne suffit pas à convaincre, tous les préventologues le savent, l'OMS assure qu'en suivant ses recommandations - un « objectif particulièrement ambitieux», reconnaît-elle - l'espérance de vie en bonne santé pourrait s'accroître de façon conséquente. Les années de vie en bonne santé perdues sont en effet le paramètre choisi par l'OMS pour comparer l'impact des différents risques de mortalité et de morbidité et pour identifier les dix risques les plus importants à l'échelle mondiale (voir ci-dessous), responsables de 40 % des 56 millions de décès dans le monde et du tiers des années de vie en bonne santé perdues. En s'attaquant à ces risques évitables, les Canadiens et les Américains pourraient, selon l'OMS, gagner 6,5 années de vie en bonne santé, s'ajoutant aux 69,9 et 67,6 dont ils jouissent actuellement. Les pays les plus riches d'Europe, comme l'Allemagne, la France (73,1 ans de vie en bonne santé) ou le Royaume-Uni, ne gagneraient que 5,4 ans, mais ce n'est déjà pas si mal, même comparés aux 8,9 années de l'Inde ou aux 16 ans de certaines régions d'Afrique, où l'espérance de vie en bonne santé est faible (31,4 ans au Malawi).Au premier rang des risques, l'insuffisance pondérale, dont souffrent 170 millions d'enfants des pays pauvres ; au 10e rang, la surcharge pondérale et l'obésité, qui touchent un milliard d'adultes dans le monde et tuent près de 500 000 personnes chaque année en Amérique du nord et en Europe occidentale : un exemple des différences entre les populations riches et pauvres que l'OMS trouve « choquantes ». Autres différences selon les régions : les pratiques sexuelles dangereuses (2e de la liste), fréquentes dans la majeure partie de l'Afrique, alors que l'hypertension (3e) et le tabagisme (4e) sévissent particulièrement dans les pays développés.

Les dix risques majeurs :

-# Sous-alimentation

Dégâts : 3,4 millions de décès en 2000, dont 1,8 en Afrique, la moitié des décès d'enfants dans les pays en développement. Interventions : supplémentation en micronutriments, enrichissement des aliments en vitamine A, zinc et fer ; conseils aux mères pour qu'elles poursuivent l'allaitement ; distribution ciblée de rations supplémentaires si nécessaire ; traitement systématique des diarrhées et des pneumopathies.

-# Pratiques sexuelles dangereuses

Dégâts : l'infection à VIH a fait 2,9 millions de morts et réduit l'espérance de vie en Afrique subsaharienne à 47 ans (sinon elle serait d'environ 62 ans) ; les pratiques sexuelles dangereuses sont responsables de 95 % des infections à VIH en Afrique, 90 % en Amérique du Sud. Interventions : l'arsenal habituel de la lutte contre l'infection à VIH (prévention dans les médias et dans les milieux à risque, information à l'école, traitement des MST, accès aux antirétroviraux...).

-# et 7. Hypertension et hypercholestérolémie

Dégâts : 7,1 millions de décès, 13 % de la mortalité totale, dus à l'hypertension ; 4,4 millions de décès et 40,4 millions d'accidents vasculaires cérébraux ischémiques (AVCI) dus à l'hypercholestérolémie.

Interventions : diminution du sel dans les aliments transformés, réduction de la quantité de matières grasses dans l'alimentation, promotion de l'exercice physique et de la consommation de fruits et de légumes, lutte contre le tabagisme ; traitement quotidien associant statines, antihypertenseurs et aspirine pour les sujets à risque d'AVC.

-# Tabagisme

Dégâts : 4,9 millions de décès, soit 8,8 % du total, et 59,1 millions d'AVCI.

Interventions : programme complet associant interdiction de la publicité, mises en garde sur les conditionnements, lutte contre le tabagisme à l'intérieur des locaux et augmentation des taxes (selon l'OMS, lorsque le prix augmente de 10%, la consommation baisse de 2 à 10 %) ; dans les pays développés, traitement substitutif à la nicotine.

-# Abus d'alcool

Dégâts : 1,8 million de décès, dont une bonne part dans les Amériques et en Europe, de 20 à 30 % des cancers de l'oesophage et du foie, des cirrhoses, des homicides, des accidents de la route.

-# Non-potabilité de l'eau et insuffisance de l'assainissement

Dégâts : 1,7 million de morts (99,8 % dans les pays en développement) et 54,2 millions d'AVCI. Interventions : à court terme désinfection de l'eau ; à long terme, en raison du coût, approvisionnement par canalisations.

-# Pollution de l'air des habitations

Dégâts : la moitié de la population mondiale touchée, essentiellement à cause des combustibles utilisés pour la cuisson et le chauffage ; 36 % des infections des voies respiratoires inférieures et 22 % des bronchopneumopathies chroniques obstructives.

-# Carence en fer

Dégâts : 800 000 décès par an, 2,5 % des AVCI.

Interventions : enrichissement en fer, associé à de l'acide folique, d'un aliment, farines le plus souvent, mais aussi nouilles, riz ou sauces.

-# Surcharge pondérale et obésité

Dégâts : 1 milliard d'adultes en surcharge pondérale, dont 300 millions d'obèses; 500 000 morts par an en Amérique du Nord et en Europe occidentale.

OMS : http://www.who.int/mediacentre/releases/pr84/en/

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