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OGM : quand les mauvaises herbes font de la résistance

L'utilisation continue et à long terme des OGM les plus répandus dans le monde est remise en question. Soja, coton et maïs modifiés pour ne pas être affectés par un herbicide très courant, le Roundup, sont très appréciés des agriculteurs, parce qu'ils peuvent pulvériser le produit directement sur les champs et tuer ainsi les mauvaises herbes sans affecter les cultures. Toutefois, certaines herbes sauvages commencent à développer une résistance au Roundup. Le problème, disent les agronomes, est la rançon du succès de ces cultures transgéniques, notamment celle du soja, qui représente désormais plus des trois quarts de tous les plants de soja cultivés aux Etats-Unis. Outre le soja, environ 65 % du coton et 10 % du maïs poussant aux Etats-Unis contiennent le gène Roundup Ready, affirme Monsanto. Le canola (colza transgénique) Roundup Ready est très courant au Canada, où il est cultivé pour son huile. Et Monsanto est en train de mettre au point du blé, de la luzerne et du gazon Roundup Ready, destiné aux terrains de golf. Le problème a été soulevé pour la première fois par des fermiers du Delaware, à propos d'une herbe appelée la pesse. Rex Mears, de Seaford, dans le Delaware, cultivait du soja Roundup Ready depuis plusieurs années, et tout allait pour le mieux. Mais, en 2000, une partie de la pesse a résisté à l'herbicide. L'an dernier, il a donc épandu du Roundup à plusieurs reprises pour tenter d'éliminer ces herbes sauvages. Si l'on en croit le Dr Van Gessel, de l'université du Delaware, cette herbe prolifère à présent sur 10 000 hectares de la péninsule constituée par le Delaware, le Maryland et l'est de la Virginie, ainsi que dans le sud du New Jersey. Alliée à l'importante sécheresse de l'été dernier, la présence de la pesse a rendu certains champs totalement inutilisables, ajoute-t-il. On a également trouvé de la pesse résistante dans des champs de coton et de soja dans l'ouest du Tennessee et dans quelques Etats mitoyens, comme le Kentucky. Pas moins de 250 000 hectares sont affectés, déclare Robert M. Hayes, professeur de botanique à l'université du Tennessee. Les agronomes constatent en outre que le bidens, une herbe sauvage abondante dans la Corn Belt (la grande région productrice de maïs aux Etats-Unis), résiste de plus en plus au glyphosate (composant du Roundup). Et du ray-grass résistant est apparu dans les champs d'amandiers du nord de la Californie comme dans de nombreux champs de blé d'Australie. Si cette résistance s'étendait, elle limiterait sérieusement l'efficacité de Roundup. Cela poserait un problème aux cultivateurs, parce que le glyphosate est de loin l'herbicide chimique le plus utilisé au monde. Il est considéré comme relativement inoffensif pour l'environnement et suffisamment sûr pour être utilisé dans les jardins. Les détracteurs des OGM ont tiré depuis longtemps le signal d'alarme : ces produits, disent-ils, risquent de se croiser avec des herbes sauvages de la même famille, donnant naissance à de "superherbes" résistantes aux herbicides ou aux insectes. Mais les mauvaises herbes résistant au Roundup qui sont aujourd'hui au coeur du débat n'ont pas été créées ainsi, disent les scientifiques. Elles sont le fruit de l'évolution : les lignées OGM sont devenues si populaires que l'usage du Roundup a littéralement décollé, entraînant l'évolution sélective des espèces et favorisant la prolifération des quelques mauvaises herbes qui lui résistent. La résistance est un phénomène commun à tous les herbicides et insecticides, et de nombreux produits continuent malgré cela à être largement utilisés. D'après les scientifiques, le fait que très peu de résistance se soit manifestée à ce jour est rassurant, parce que cela donne à penser que cette résistance ne se répandra pas trop vite à d'autres types d'herbes sauvages. Mais il n'empêche que le Roundup est utilisé avec une plus grande fréquence qu'autrefois et selon des modes d'application différents. Les chercheurs estiment qu'il faut varier les herbicides, pour éviter trop de résistance. Pourtant, de nombreux cultivateurs n'utilisent plus que du glyphosate. En général, la rotation des cultures permet de déjouer la résistance, parce que des variétés différentes nécessitent des herbicides différents. Mais, à présent, certains fermiers alternent la culture du soja Roundup Ready avec celle de coton ou de maïs Roundup Ready. Autrement dit, le même herbicide est utilisé année après année.

NYT :

http://query.nytimes.com/gst/abstract.html?res=FB0C12FA39550C778DDDA80894DB404482

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