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Obésité : tout se joue pendant l'enfance

Des études épidémiologiques récentes viennent de révéler qu'en France, deux tiers des hommes et la moitié des femmes de 35 à 74 ans seraient en surcharge pondérale, or 15 % des enfants sont déjà en surpoids à la maternelle. La plupart des spécialistes estiment donc que pour prévenir le développement précoce de l'obésité, il est essentiel de comprendre l'impact des premières étapes du développement.

C'est dans ce cadre que Marie-Anne Charles et ses collègues de l'unité Inserm 780 se sont intéressés pour la première fois au rôle des différentes phases de la croissance entre 0 et 5 ans sur la quantité de masse grasse observé à l'adolescence.

Durant une première phase (1992-1997) l'équipe a pesé et mesuré annuellement 468 enfants dans le cadre du suivi d'une éducation nutritionnelle délivrée à l'école par les instituteurs. Les chercheurs ont analysé dans un second temps (1997-2002) les déterminants de l'adiposité et de la prise de poids à l'adolescence et à l'âge adulte. A partir des mesures effectuées lors de la phase 1 de l'étude, complétées par des données issues du carnet de santé, les chercheurs ont ainsi établi un modèle mathématique leur permettant de calculer la vitesse de croissance (en poids et en taille) des enfants.

Les résultats montrent que les périodes de croissance ne présentent pas toutes les mêmes associations avec l'obésité : une prise de poids rapide à 3 mois, puis à partir de 3 ans présente la plus forte association avec le risque de surpoids ultérieur. Ainsi, à 3 mois, chaque augmentation de la vitesse de croissance de 143g/mois accroît le risque d'être en surpoids de 52 %. Par contre, entre 1 et 2 ans la vitesse de prise de poids ne montre pas d'association avec la masse grasse ultérieure.

La même étude montre par ailleurs que filles et garçons ne sont pas logés à la même enseigne. La vitesse de croissance des garçons à 3 mois est corrélée à la fois avec la masse grasse mais aussi la masse musculaire ultérieure. En revanche, une croissance rapide chez les filles à cette période se traduira principalement par une augmentation de la masse grasse. Selon les chercheurs, cette période serait donc plus à risque chez les filles que chez les garçons.

Marie-Anne Charles et ses collaborateurs concluent donc que la petite enfance présente des périodes sensibles contribuant plus au risque de surpoids futur, durant lesquelles une attention particulière doit être apportée à la richesse de l'alimentation. Mais selon eux, il y a aussi des périodes, notamment entre 1 et 2 ans, où les ressources nécessaires au développement de l'enfant sont telles que le risque de stocker un excès d'énergie sous forme de masse grasse est faible. Restreindre les apports énergétiques durant ces périodes pourraient alors être préjudiciable. Les chercheurs doivent maintenant déterminer quels sont les facteurs et les mécanismes responsables d'une croissance trop rapide du poids dans les premiers mois de vie et après 3 ans.

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