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Edito : Obésité : C'est nous qui décidons de la qualité de notre vie

Les Américains, au premier rang mondial pour les dépenses de santé, ont une espérance de vie toujours plus élevée mais sont aussi marqués par l'obésité dans des proportions sans précédent, selon un rapport annuel du département de la Santé publié le 12 septembre. En 2000, l'espérance de vie des Américains a atteint 77 ans (74 ans pour les hommes et presque 80 pour les femmes), niveau le plus élevé jamais atteint dans le pays, selon les chiffres préliminaires du rapport. "Les efforts efficaces de la santé publique, une meilleure connaissance parmi les Américains des conditions de vie plus saines et de meilleurs soins ont dans leur ensemble contribué à ces améliorations", a commenté Julie Gerberding, directrice des Centres de contrôle des maladies (CDC) d'Atlanta (Géorgie). Le rapport souligne qu'au cours des 50 dernières années le taux de mortalité de la population adulte (de 24 à 65 ans) a été divisé par 2 et celui des plus de 65 ans d'un tiers. Cependant, l'étude note aussi qu'aujourd'hui trois adultes sur cinq âgés de 20 à 74 ans sont en surpoids et un Américain sur quatre est considéré comme obèse. Près de 40 % de la population n'a aucune activité physique pendant ses loisirs et les femmes surpassent les hommes dans la sédentarité. Selon le rapport, les Américains ont consacré 1.300 milliards de dollars aux dépenses de santé, soit 13,2 % du produit national brut, ce qui en fait le premier pays pour ce type de dépenses, avec 4333 dollars par habitant, selon ce 26e rapport annuel sur la santé du pays. Les programmes publics de protection des plus démunis et des personnes âgées (Medicare et Medicaid essentiellement) ont remboursé 43% de toutes les dépenses de santé, les assurances privées couvrant 35 % de la somme, d'autres sources privées payant 5 % des coûts médicaux, et les malades en étant de leur poche pour 17 % de la somme totale. Un tiers de la somme a été consacrée aux dépenses hospitalières, un cinquième pour payer la note du médecin et près d'un dixième pour des médicaments sur ordonnance. Le coût des médicaments a quant à lui augmenté de 15 % par an, pendant la période 1995-2000, soit une progression plus rapide que toutes autres catégories de dépenses de santé. Parmi les progrès, les auteurs du rapport notent la baisse de la mortalité infantile (avant l'âge d'un an) qui s'établissait à 6,9 pour mille en 2000, contre 7,1 % en 1999. La consommation de tabac a baissé de façon régulière, avec 23 % des adultes se déclarant fumeurs en 2000 contre plus de 40% en 1965. Mais les personnes n'ayant pas suivi d'études supérieures étaient trois fois plus susceptibles de fumer que celles ayant fréquenté l'université. Il est intéressant de comparer ces données américaines en matière de dépenses de santé avec les chiffres français qui viennent d'être publiés. En France, l'ensemble des dépenses de santé (soins + indemnités journalières) a atteint 148 milliards d'euros en 2001 (9,5% de notre PIB), soit en moyenne 2 437 euros par habitant. Si l'on compare la dépense totale de santé par habitant, on constate qu'un américain dépense en moyenne 4333 euros par an, une somme supérieurs de 79% à celle dépensée en moyenne par un français (2437 euros). L'espérance de vie en France atteint à présent 83 ans pour les femmes et 75,5 ans pour les hommes. Elle est nettement supérieure à la moyenne européenne qui est de 81,2 ans pour les femmes et de 74,9 ans pour les hommes. Elle est également supérieure à l'espérance de vie aux USA qui est de 80 ans pour les femmes et 74 ans pour les hommes. Encore plus encourageant, alors que l'espérance de vie a cru de 2,5 années pour les hommes comme pour les femmes de 1981 à 1991, l'espérance de vie sans incapacité a cru de 3 ans pour les hommes (passant de 60,8 à 63,8 ans) et de 2,6 années pour les femmes. Ce constat est remarquable car il indique que jusqu'à présent l'allongement de la durée de vie se traduit bien, contrairement à une idée très répandue, par une diminution de la période de handicap en fin de vie. Bien qu'il soir toujours délicat de comparer des systèmes de santé très différents, Il est tout de même frappant de constater qu'un Américain, qui dépense presque 2 fois plus qu'un Français en moyenne pour sa santé, a une espérance de vie sensiblement inférieure à celle d'un de nos compatriotes. Cette comparaison éclairante nous montre que, quel que soit le niveau médical d'un pays et les dépenses qu'il consacre à la santé, il doit également promouvoir une bonne hygiène de vie pour ses habitants, notamment en matière d'alimentation et d'activité physique. On sait à présent qu'une proportion considérable de cancers, de maladies cardio-vasculaires, et même de maladies dégénératives du système nerveux, peuvent être évitées ou retardées simplement en modifiant son alimentation et en pratiquant une activité physique modérée mais régulière. Qu'il s'agisse du cancer, de l'ostéoporose, des maladies cardio-vasculaires ou du diabète : "deux-tiers des décès sont directement ou indirectement liés à l'alimentation", rappelle le Pr Gilles Brücker, directeur général de l'Institut de veille sanitaire. Quant à l'obésité, qui fait le lit de bon nombre de ces maladies, elle concerne 7 à 10 % des adultes en France, et 16% des enfants de sept à neuf ans sont trop gros. Il nous faut enfin comprendre qu'il est infiniment moins coûteux pour notre collectivité d'investir en prévention et en éducation, pour prévenir l'apparition des maladies, que de les soigner à grand renfort de technologies médicales. Il faut donc cesser de compter uniquement sur la science et la médecine pour réparer les dégâts causés par des comportements à risque (tabac et alcool) et par une mauvaise hygiène de vie. Nous devons nous rappeler que nous gardons la responsabilité entière de nos choix de vie et que ceux-ci constituent notre meilleure assurance-santé.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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