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Le nuage de pollution asiatique agit sur le climat mondial selon une étude de l'ONU

Le nuage de pollution, épais de trois kilomètres, qui flotte au-dessus de l'Asie du Sud modifie les conditions climatiques, provoquant des maladies, mettant en danger l'agriculture et la croissance économique de la région, affirme l'étude scientifique la plus importante effectuée sur le phénomène. Les chercheurs qui ont travaillé dans le cadre d'une étude financée par les Nations unies estiment que le "Nuage brun d'Asie" -un mélange de cendre, de suie, d'acides et d'autres particules- résulte aussi bien de polluants comme les fourneaux à bois, les feux pour la cuisine et la déforestation, que de l'industrie. "Quant on pense à la pollution atmosphérique, beaucoup de personnes évoquent l'industrie et les combustibles fossiles comme seuls responsables", a expliqué lors d'une conférence de presse à Londres le coauteur de l'étude Paul Crutzen, un scientifique de l'Institut Max Planck pour la chimie, situé à Mayence (Allemagne). Selon lui, la combustion de la biomasse, tels que les feux de forêt et les incendies de végétation pour défricher les terres ou pour se chauffer constitue un facteur important. Plus de 200 scientifiques ont participé à l'étude supervisée par le programme Environnement de l'ONU. Ils ont utilisé les données communiquées par les bateaux, les avions et les satellites pour étudier le nuage asiatique entre 1995 et 2000. Les scientifiques estiment que nouvelles recherches sont nécessaires mais certaines tendances apparaissent clairement. Les maladies respiratoires semblent augmenter en Asie du Sud, très peuplée. Une étude suggère que pas moins de 500.000 morts prématurées par an en Inde sont causées par la pollution de l'air due aux fourneaux et les feux de cuisine. Le nuage de pollution provoqué entre autres par les feux de forêts, les voitures, les usines et l'incinération des déchets diminue la quantité de rayons solaires touchant la terre et les océans de 10 à 15%. Cela a pour effet de refroidir la terre et l'eau, tout en réchauffant l'atmosphère. Les pluies de la mousson dans la région ont été touchées par le phénomène, entraînant plus de pluies et d'inondations dans certaines zones (Bangladesh, Népal et Nord-Est de l'Inde) alors qu'il a moins plu au Pakistan et dans le Nord-Ouest de l'Inde.

Le "nuage brun" de pollution en suspension au-dessus de l'Asie risque d'asphyxier l'économie indienne, très dépendante de l'agriculture, à moins que le gouvernement ne prenne des mesures pour combattre la pollution, a averti mercredi un spécialiste de l'environnement. Le halo, baptisé "nuage brun d'Asie", étendu sur une zone équivalente à sept fois l'Inde, nuit à l'agriculture, modifie le cycle des pluies et met en danger les populations, selon un récent rapport du Programme pour l'environnement des Nations unies (PNUE). "Nous nous attendons à un impact dévastateur sur l'économie, si les résultats des études se confirment. Le moment est venu pour le gouvernement de prendre conscience que des mesures efficaces sont nécessaires", a affirmé à l'AFP Sunita Narain, directrice du Centre des sciences et de l'environnement de New Delhi. Selon Mme Narain, des actions concertées devraient aider à faire disparaître le halo, qui doit être traité comme un "gros nuage de pollution". Le nuage est formé d'un "cocktail grandissant de suie, de particules en suspension et d'autres polluants", a expliqué le PNUE. "Ces aérosols ont une durée de vie de six à huit semaines", souligne Mme Narain. "La bonne nouvelle est que si vous ne les générez pas, le nuage va disparaître". Le rapport du PNUE, conclusion d'une étude menée depuis 1995, indique que le nuage réduit de 10 à 15 pour cent la luminosité à la surface de la terre. Se fondant sur d'autres études, les experts rappellent que 10 pour cent de réduction d'énergie solaire sur la région des océans réduit l'évaporation de l'humidité liée directement aux pluies d'été.Les conséquences sur l'agriculture pourraient se faire sentir dès à présent, en réduisant par exemple de 10 pour cent les récoltes de riz en Inde. Sunita Narain préconise notamment une politique efficace en matière de transports publics, soulignant que des mesures anti-pollution ont été prises depuis quatre ou cinq ans dans la capitale, New Delhi, mais pas dans les autres centres urbains. A New Delhi, les bus, taxis et rickshaws circulent désormais au gaz, le taux de benzène a été réduit dans l'essence et les anciens véhicules de transport public ont été mis au rebut. "Nous avons d'énormes centrales électriques en projet et nous devons nous assurer que nous investissons seulement dans les technologies les plus performantes", ajoute Mme Narain. "La lumière du soleil et les pluies sont les deux facteurs les plus importants de notre économie, tant que nous ne pouvons pas nous convertir à un système industrialisé non dépendant du climat," explique la scientifique. Mme Narain juge prématuré de dire que la sécheresse qui sévit en Inde cet été est liée au "nuage brun". Des scientifiques indiens affirment cependant qu'il existe actuellement des modifications perceptibles du schéma climatique dans le pays, les régions de l'ouest et du nord-ouest devenant plus sèches, celles de l'est et du sud plus humides. Les experts prévoient d'ores et déjà que cette sécheresse aura un impact négatif sur la croissance économique de l'Inde et sur sa croissance industrielle, alors que presque un quart du Produit intérieur brut (PIB) provient de l'agriculture. Cette sécheresse, considérée comme la plus grave depuis 15 ans, se combine avec des inondations catastrophiques dans le nord-est du pays.

PNUE : http://www.unep.org/Documents/Default.asp?DocumentID=259&ArticleID=3103

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