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De nouvelles plantes pour des biocarburants du futur

Ces dernières semaines, plusieurs responsables d'organisations internationales (FMI, FAO, Banque mondiale, programme alimentaire mondial) ont pointé du doigt les biocarburants, les accusant d'être responsables de la flambée actuelle des denrées alimentaires de base.

Le bioéthanol fabriqué à partir de blé, de maïs, de betterave ou encore de canne à sucre participerait à la flambée des cours des céréales. Gourmands en surfaces, les biocarburants seraient également une menace pour la polyculture et l'élevage, et joueraient un rôle dans la disparition des forêts tropicales.

Le biodiesel, fabriqué à partir de colza, du tournesol ou de l'huile de palme, provoquerait des dégâts irréparables dans les forêts primaires d'Asie du Sud-Est, remplacées par des plantations de palmiers à perte de vue. Leur bilan énergétique serait également très contesté. Enfin, ces nouvelles ressources énergétiques seraient devenues de véritables pompes fiscales. Le bioéthanol et le biodiesel bénéficient d'une aide fiscale de plus de 3,5 milliards d'euros par an en France et de 7 milliards de dollars aux États-Unis. En somme, ces carburants verts seraient coûteux, polluants et surtout coresponsables de la crise alimentaire actuelle.

La course américaine à la production de bioéthanol (20 % de croissance par an) a eu indéniablement un impact sur les cours du maïs, qui ont doublé en l'espace d'un an. « Mais la responsabilité des biocarburants s'arrête là. Pour preuve, les prix du riz ont triplé alors que cette matière première n'intervient pas dans leur fabrication », nuance Philippe Chalmin, spécialiste des matières premières.

C'est d'abord la demande asiatique qui a dopé les cours des matières premières agricoles. Or, l'offre n'est pas toujours parvenue à suivre la demande, du fait notamment de catastrophes climatiques (sécheresse australienne). Un phénomène de spéculation n'est pas non plus étranger à cette flambée.

Il n'empêche, des doutes subsistent aujourd'hui sur la fiabilité de cette première génération de biocarburants, que la deuxième pourrait en partie lever. En tout état de cause, cette étape, aussi imparfaite soit-elle, est néanmoins incontournable pour lancer la filière.

Par rapport aux cultures énergétiques actuelles dont seules les graines (blé, maïs, colza, tournesol) ou les racines (betteraves) servent à produire des biocarburants, les cultures dites de seconde génération ont vocation à utiliser la plante entière. La cellulose contenue dans les feuilles, les tiges et les graines est transformée soit en bioéthanol, soit en BTL (biomass to liquid), un substitut du gazole obtenu par traitement thermochimique.

N'étant pas comestibles, ces cultures qui ont pour nom miscanthus, switchgrass, peuplier ou jatropha, n'entreront donc pas en compétition avec la production alimentaire et ne pourront pas être accusées de faire monter les prix, comme c'est le cas des biocarburants actuels. Ces plantes plus rustiques nécessiteront moins d'engrais azotés, voire pas du tout dans le cas du peuplier ou de la biomasse forestière (déchets de coupes, copeaux, etc.). Ce qui est incontestablement un atout tant du point de vue environnemental que du bilan énergétique, la plupart des intrants étant fabriqués à partir de pétrole. En revanche, ces exploitations continueront de soustraire des terres aux cultures alimentaires, sauf si leur rusticité permet de les implanter sur des sols pauvres. Il reste à trouver des processus biologiques (levures, bactéries), ou chimiques, capables de transformer la cellulose en éthanol en grande quantité et à des prix compétitifs.

L'Institut technique de la filière céréalière, Arvalis, tente depuis l'an passé d'acclimater le miscanthus et le switchgrass, deux graminées originaires de Chine et d'Amérique, aux conditions du sol et du climat français. Un travail de longue haleine qui n'aboutira pas avant 2015. À Orléans, l'Institut national de la recherche agronomique mène jusqu'en 2012 des essais sur des peupliers transgéniques pauvres en lignine. Cette substance indésirable doit être éliminée par un traitement acide qui a l'inconvénient d'inhiber la transformation de la cellulose en éthanol. En la supprimant, le rendement en éthanol est amélioré. Enfin, le jatropha est une plante oléagineuse voisine du ricin qui suscite beaucoup d'espoir dans les régions tropicales. Également appelé pourghère ou tabanani, ses graines peuvent produire jusqu'à 1900 litres de diester par hectare, soit deux fois plus que le colza. Mais, pour obtenir de tels rendements, il doit être implanté sur des sols riches plutôt réservés aux cultures vivrières.

Figaro

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