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Nouvel espoir contre le mélanome malin

Après deux décennies de très forte progression, le nombre de nouveaux cas annuels du cancer de la peau le plus grave, le mélanome, s'est stabilisé ces dernières années selon les derniers chiffres publiés par l'Institut national du cancer (Inca) et l'Institut de veille sanitaire (InVS). Le principal outil de lutte contre ce cancer reste encore le dépistage précoce car, comme le reconnaît le professeur Marie-Françoise Avril, de l'hôpital Cochin à Paris, «au stade avancé des métastases, cette maladie résiste à toutes les chimiothérapies».

En 2003, des chercheurs américains ont pourtant réussi à percer le secret de cette résistance au traitement : Markus Frank et son équipe de la Harvard Medical School ont découvert que certaines cellules de ce cancer pouvaient se débarrasser de bon nombre des molécules toxiques utilisées contre elles, grâce à un transporteur jusqu'alors inconnu à leur surface, l'ABCB5.

Ils ont montré récemment dans la revue Nature que ces cellules résistantes sont aussi les seules à pouvoir donner la maladie, une fois transférées chez l'animal. «Notre travail est le premier à démontrer l'existence de cellules souches pour le mélanome, précise Markus Frank au Figaro, c'est-à-dire des cellules issues des tumeurs capables de s'autorenouveler, de transmettre la maladie et dotées d'un marqueur caractéristique, l'ABCB5. Celui-ci était présent dans tous nos échantillons cliniques. Et plus la maladie était à un stade avancé, plus il était abondant.» Mieux, en injectant un anticorps dirigé contre l'ABCB5, les chercheurs ont pu supprimer l'apparition de tumeurs chez des souris porteuses de ces cellules cancéreuses.

Pourtant, avec l'ABCB5 les chercheurs disposent pour la première fois d'une cible précise contre le mélanome, portée de surcroît par ses cellules les plus dangereuses, celles responsables des métastases. De plus, ces mêmes chercheurs ont montré que l'anticorps antiABCB5 bloque l'expulsion par ces cellules de la doxorubicine, un produit classique de chimiothérapie, qui retrouve alors toute sa toxicité. «L'utilisation de l'anticorps antiABCB5 a été brevetée et nous cherchons maintenant à le commercialiser en vue d'un traitement anticancéreux», conclut Markus Frank.

Parallèlement, des chercheurs chinois ont annoncé dans la revue Cancer Cell avoir identifié les cellules souches du cancer du foie. Utilisant la même démarche que l'équipe américaine, Zhen Fan Yang et ses collègues de l'université de Hongkong ont montré que seules des cellules de carcinome hépatocellulaire caractérisées par un marqueur, le CD90, étaient susceptibles de s'autorenouveler et de donner de nouvelles tumeurs du foie chez l'animal. Tous leurs patients présentaient ce type de cellule, qui pouvait en outre être détruit par un anticorps dirigé contre un autre marqueur de leur surface, le CD44.

Ces découvertes complètent le nombre déjà élevé de cancers pour lesquels des cellules souches ont été identifiées ces dernières années. Elles offrent enfin la perspective de mieux cibler les cellules cancéreuses à éliminer, notamment celles qui résistent encore aux traitements actuels.

Figaro

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