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Les neurones perdent le monopole de la communication cérébrale

On entend peu parler des cellules gliales. Pourtant, elles sont jusqu'à 10 fois plus nombreuses que nos 100 milliards de neurones ! Jusqu'alors on connaissait leur rôle important d'assistance aux neurones (soutien physique, apport énergétique etc.). L'originalité des travaux de Stéphane Oliet(1) et de ses collaborateurs (Unité Inserm "Neurobiologie Morphofonctionnelle" dirigée par Dominique Poulain), réside dans la mise au jour de la fonction des cellules gliales dans la communication cérébrale. Les chercheurs de l'Inserm et du CNRS, viennent en effet de démontrer que ces cellules interviennent indirectement dans les phénomènes de mémoire et d'apprentissage du cerveau, activité jusqu'alors générée par les neurotransmetteurs.

Les chercheurs de Bordeaux ont montré qu'une relation anatomique étroite entre cellules gliales et neurones conditionne le bon fonctionnement de récepteurs indispensables à la transmission de l'information cérébrale et les phénomènes qui en découlent: les récepteurs du glutamate de type NMDA (pour N-méthyl-D-aspartate). Les liaisons concomitantes d'une molécule de glutamate sur ces récepteurs et d'une molécule de D-Sérine (acide aminé synthétisé et libéré par les cellules gliales) déclenchent le passage de l'influx nerveux d'un neurone à l'autre.

Cette régulation de l'activité des récepteurs NMDA a des conséquences sur la transmission synaptique courante mais aussi sur la plasticité synaptique à long terme. Ainsi le nombre de récepteurs NMDA sollicités permet d'améliorer ou de freiner le passage de l'information entre deux neurones. En résumé, les cellules gliales libérant la D-sérine influencent à la hausse le nombre de récepteurs NMDA activables, et par conséquent favorisent ainsi la mise en place de modifications persistantes de la communication neuronale.

Les chercheurs estiment que les cellules gliales participent activement aux processus de "mémoire synaptique" à la base de l'apprentissage et de la mémorisation dans le cerveau des mammifères. Ces travaux contribuent à l'émergence d'un nouveau concept : celui de la "synapse tripartie". En effet, dans le schéma classique, on représente toujours une synapse avec l'élément présynaptique, d'où provient l'information, et l'élément postsynaptique, qui reçoit cette information.

Aujourd'hui il faut ajouter un 3e élément, la cellule gliale, qui détecte et intègre le signal synaptique mais peut y répondre en libérant des substances actives que l'on appelle des "gliotransmetteurs" comme la D-sérine. Notre vision actuelle de la communication cérébrale et de la mémoire risque fort d'être complètement modifiée si la régulation par ces cellules gliales est démontrée à plus grande échelle.

CNRS

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