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La métabonomique pourrait révolutionner la prévention en cardiologie

Ses promoteurs ont beau annoncer des applications pratiques dès les prochaines années, la nouvelle discipline fleure résolument la science-fiction. On ne s'étonnera donc pas de son nom pour le moins futuriste : la métabonomique. Pour autant, les résultats des travaux présentés la semaine dernière par une équipe de chercheurs britanniques, en collaboration avec le groupe pharmaceutique GlaxoSmithKline, ne peuvent laisser indifférent. S'intéressant aux propriétés magnétiques des molécules qui composent le sang humain, les scientifiques, dirigés par Joanne Brindle, assurent avoir mis au point une technique permettant de diagnostiquer le risque cardio-vasculaire à partir d'un simple prélèvement sanguin. La découverte, si elle devait un jour être validée, pourrait tout bonnement révolutionner le dépistage de ces affections et, correctement utilisée, sauver bon nombre de vies. Pour l'heure, les cardiologues disposent de deux outils pour débusquer les menaces pesant sur un patient. Le plus couramment utilisé consiste à évaluer les facteurs de risques cumulés : âge, habitudes tabagiques, mode d'alimentation, dosage du cholestérol, mesure de la résistance physique... Si elle permet de prodiguer certains conseils généraux visant à modifier des habitudes de vie dangereuses, cette méthode ne suffit en aucune manière à évaluer l'imminence d'un accident coronarien aigu. Aussi les médecins ont-ils recours, pour les sujets les plus à risque, à un examen invasif mais plus informatif : l'angiographie. Celle-ci permet de déterminer le degré d'obturation des artères et de repérer, par l'intermédiaire d'une sonde, d'éventuelles lésions. Reste que cette technique est considérée comme trop coûteuse pour être employée sur l'ensemble des patients. Ainsi les maladies cardio-vasculaires continuent-elles, en France, de tuer quelque 180 000 personnes chaque année. Souvent sans prévenir. La méthode de dépistage proposée par Joanne Brindle, si elle n'a pour l'heure été testée que sur une soixantaine de malades, s'annonce beaucoup plus légère que l'angiographie. Il s'agit de projeter des ondes de haute fréquence sur une goutte de sang et d'observer, au moyen de logiciels spécifiques, leur réaction. Celle-ci variant en fonction de la composition chimique du fluide, l'objectif serait de distinguer le sang d'un malade de celui d'un sujet bien portant. On peut, par exemple, imaginer que les ondes affichent une réaction caractéristique en présence de certains acides gras, marqueurs des maladies coronariennes. Même si cela n'a pour l'heure pas été scientifiquement vérifié. «Bien que la démarche soit ingénieuse, commente le professeur Jean Ferrières (unité 556 de l'Inserm), les méthodes utilisées pour la mettre à l'épreuve des faits sont loin d'être suffisamment rigoureuses. L'étude clinique porte en effet sur un nombre trop réduit de sujets. Elle n'a en outre pas été menée sur une échelle de temps suffisante.» Soucieux de corriger cette lacune, les chercheurs britanniques s'apprêtent à lancer une plus large étude et projettent, si tout se passe bien, de mettre leur test sur le marché dès 2004. Pleins d'entrain, ils espèrent même que d'autres pathologies fort diverses pourront à terme bénéficier des bienfaits de la métabonomique.

Figaro : http://www.lefigaro.fr/sciences/20021203.FIG0181.html

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