RTFlash

Mélanome : un nouvel espoir de traitement

Des scientifiques américains tentent de définir de nouvelles stratégies pour combattre le mélanome, le plus grave des cancers de la peau. Ils cherchent à renforcer le système immunitaire d'un malade cancéreux pour qu'il s'attaque aux cellules cancéreuses. Leurs travaux ont été présentés à Prague, lors du Congrès européen de recherche en cancérologie.

Ces stratégies représentent les premières tentatives de suppression des cellules T régulatrices, qui servent à maintenir le système immunitaire sous surveillance. Les cancérologues estiment en effet que dans le cancer, le système immunitaire devrait pouvoir rester en éveil, capable de se déchaîner sur le cancer lui-même.

"Il s'agit d'une manière d'appréhender la maladie totalement différente de ce qui était pratiqué jusqu'ici", a déclaré le Dr Alexander Eggermont, professeur de chirurgie oncologique à l'Université de Rotterdam (Pays-Bas), et président de ce Congrès, qui n'a pas participé à cette recherche. Bien que ces travaux soient encore préliminaires, la nouvelle expérience se montre déjà prometteuse.

Dans un article présenté par le Dr Jason Chesney, du centre de cancérologie JG Brown (Kentucky), sept patients à un stade avancé de cancer de la peau ont reçu de la toxine diphtérique et de l'interleukine 2, en association, dans le but de réduire à néant ces lymphocytes régulateurs. Dans cinq cas sur sept, les tumeurs ont diminué de volume ou sont restées stables.

En mettant de côté les cellules T-régulatrices, le médicament prévient l'extinction du système immunitaire, préparant ainsi l'organisme à une attaque continue contre le cancer, a expliqué Chesney.

Le mélanome avancé est une maladie foudroyante contre laquelle il n'existe aucun traitement. L'espérance de vie est en moyenne de neuf mois, et moins de 20 % des patients survivent plus de deux ans après le diagnostic.

Dans une deuxième étude présentée elle aussi à Prague, le Dr Jeffrey Weber, professeur de médecine à l'Université de Californie à Los Angeles (UCLA), a décrit comment, avec ses collègues, il est parvenu à bloquer une des protéines de surface de ces lymphocytes, de manière à les inhiber suffisamment pour que le système immunitaire puisse attaquer les cellules cancéreuses. Pour ce faire, les patients ont reçu des injections d'anticorps dirigés vers ces cellules T-régulatrices.

Sur les 25 personnes testées, 24 étaient encore en vie 17 mois plus tard, dont trois en rémission. Si cette stratégie qui cherche à manipuler le système immunitaire se montre encourageante, la totalité du protocole thérapeutique pourrait en être modifiée. Jusqu'à récemment, la chimiothérapie était considérée comme le meilleur moyen d'éliminer une tumeur. Mais si elle parvient à réduire leur taille, elle ne permet pas d'éviter les récidives et n'est qu'une solution à court terme. "Si nous réussissons à maintenir le système immunitaire en éveil, nous parviendrons peut-être à éviter la récidive", a estimé Eggermont.

"C'est comme une chimiothérapie perpétuelle. Vous obligez votre propre système immunitaire à rester mobilisé pour empêcher le cancer de se développer", note Chesney. Mais laisser le système immunitaire se déchaîner n'est toutefois pas une avancée dénuée de risques, car favorisant la survenue de maladies auto-immunes, notamment d'hépatites, de colites, ou de dermatoses. Des maladies toutefois curables et qui sont compensées par la perspective de vaincre la maladie.

Pour Chesley et Weber, il faudra encore des années pour savoir si leur stratégie se vérifie à plus grande échelle. Mais si leur hypothèse se confirmait, la méthode pourrait s'appliquer à d'autres cancers dans lesquels les cellules T-régulatrices jouent un rôle, comme dans ceux du sein, du rein ou de l'oesophage.

AP

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top