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Un médicament pour réparer la moelle épinière bientôt expérimenté sur l'homme

Vingt ans tout juste après ses premiers travaux sur les lésions de la moelle épinière, l'heure de vérité a sonné pour le professeur Martin Schwab. A une date désormais «très proche», quoiqu'encore tenue secrète, le directeur de l'institut de recherche sur le cerveau de l'université de Zurich commencera à tester, sur «un petit nombre de patients humains» paralysés, une molécule conçue dans l'espoir de soigner des traumatismes médullaires jusqu'à présent incurables. Conçue avec Volker Dietz, chef du centre de paraplégiologie de la clinique Balgrist, également basée à Zurich, la première phase de ce protocole intégrera des patients qui souffrentdelésionsmédullairesgravesdatantdemoins de quinze jours - les malades chroniques n'étant pour l'heure pas concernés par ce traitement. Sitôt son état stabilisé, chacun d'entre eux se verra greffer sous la peau une pompe qui, reliée par un cathéter à la moelle épinière, permettra l'injection continue du médicament dans le liquide céphalorachidien. Ce dispositif en place, l'équipe scientifique suivra les malades semaine après semaine.

Actuellement purifiée et produite par le laboratoire suisse Novartis, cette molécule expérimentale a été imaginée il y a une quinzaine d'années par Martin Schwab, dans le cadre d'un programme sur le système nerveux central (SNC). «A l'époque, on cherchait à comprendre pourquoi les fibres nerveuses qui relient le cerveau à la moelle épinière, lorsqu'elles ont été sectionnées lors d'un accident, échouent à se régénérer, alors que dans le système nerveux périphérique, ces mêmes axones repoussent spontanément sur plusieurs centimètres», se rappelle le scientifique. Cette interrogation l'a mené tout droit à la découverte d'une protéine qui, présente dans les gaines de myélines du SNC, inhibe la repousse des axones.

Baptisée Nogo, cette molécule purifiée en 1998 se trouve au coeur des travaux menés à Zurich. «Nous travaillons sur l'hypothèse qu'en bloquant l'action de cette protéine - ainsi peut-être que d'autres facteurs inhibiteurs -, nous allons favoriser un phénomène de reconnexion neuronale qui, chez les personnes paralysées, pourrait déclencher une récupération fonctionnelle», poursuit Martin Scwhab.

Pour explorer cette piste, le chercheur a mis au point un anticorps capable, in vitro, de bloquer l'action de Nogo. Il a ensuite testé ce médicament sur des rats préalablement paralysés, avec des résultats encourageants : l'expérience a en effet mis en évidence une repousse des axones «sur de longues distances», ainsi qu'«un très net regain de mobilité». Ce médicament a également été testé chez le macaque. «Sur un premier groupe de six animaux, on a démontré que les animaux traités récupèrent 80 % de leurs fonctions, contre 15 % environ pour ceux qui ont reçu un placebo», assure le chercheur.

Forts de ces observations concordantes, Martin Schwab et Volker Dietz se disent prêts à expérimenter cet anticorps chez l'homme. A l'issue de la première phase expérimentale, conçue pour démontrer l'innocuité de l'anticorps, des essais de phase 2 et de phase 3 viseront à étudier son action sur plusieurs centaines de patients qui seront recrutés grâce à un réseau de centres cliniques : une dizaine d'établissements européens - dont l'hôpital français de Garches - et nord-américains collaborant à la fondation créée par l'acteur Christopher Reeve. C'est au terme de ce travail d'expérimentation, prévu pour durer plusieurs années, que l'efficacité de la molécule chez l'homme pourra éventuellement être démontrée.

Figaro

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