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Un médicament issu du plasma pour neutraliser l'E. coli tueuse

Au printemps dernier, les Européens ont découvert avec effroi l'existence d'une bactérie tueuse présente dans l'alimentation : l'E. coli à shigatoxines (Shiga-toxin-Producing Escherichia coli, ou Stec). Partie du nord de l'Allemagne, l'infection a touché quatre milliers de personnes et provoqué une cinquantaine de morts. Car, à la différence de l'E. coli "classique" - entraînant une affection banale soignée par des antibiotiques -, la variante Stec peut être mortelle. Dans 10 à 15 % des cas, l'infection engendre un syndrome dit "hémolytique et urémique" : la bactérie produit des toxines "perforantes", les shigatoxines, qui percent la paroi intestinale puis pénètrent dans les reins et les détruisent. Aujourd'hui, il n'existe qu'une solution pour sauver les malades : ils doivent être entièrement transfusés, voire subir une greffe d'organes si leurs reins ont été touchés. Pas évident en cas de crise sanitaire à grande échelle.

Cela pourrait néanmoins changer d'ici deux à trois ans. LFB Biomédicaments, un laboratoire pharmaceutique contrôlé par l'Etat, travaille à l'élaboration d'un remède dérivé du plasma capable de lutter contre ce type d'infection. "Notre idée est d'obtenir une molécule biologique qui, en se liant à la toxine, formerait alors une molécule encore plus grosse qui, compte tenu de sa taille, pourrait être éliminée par la rate et par le foie, et non plus par les reins", explique Christian Béchon, son président.

Allié au laboratoire canadien Thallion, LFB a déjà engagé sept années de recherches dans ce projet. Actuellement en phase deux d'essai clinique, le traitement, baptisé Shigamabs, est testé dans dix-huit sites en Amérique du Sud. L'autorisation de mise sur le marché devrait être demandée d'ici deux ou trois ans. Comme tous les médicaments développés par LFB, ce futur traitement sera produit par fractionnement de plasma humain. Liquide biologique entrant dans la composition du sang, le plasma contient en effet naturellement plus de 300 protéines différentes, présentes en faible concentration. Les médicaments issus du plasma, à l'instar de Shigamabs, font appel à des technologies très pointues afin d'identifier, d'isoler, de concentrer et de purifier certaines de ces protéines.

L'Express

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