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Maladie de Crohn : percée thérapeutique en vue

Une dizaine de nouvelles molécules, sélectionnées grâce à la compréhension du mode d'action de médicaments prescrits à des patients atteints d'infections inflammatoires chroniques de l'intestin, comme la maladie de Crohn, pourraient aboutir à des traitements plus efficaces pour ces malades, selon une étude.

En élucidant le mécanisme d'action de traitements anti-inflammatoires spécifiques, tels les 5-aminosalicylés (5-ASA), l'équipe de Pierre Desreumaux (Institut national de la santé et de la recherche médicale/Inserm, Lille) est parvenue à sélectionner ces molécules qui devraient rapidement aboutir à des traitements plus ciblés et donc plus efficaces.

Ces travaux, publiés par le Journal of Experimental Medicine, ouvrent en effet des perspectives proches pour le développement de médicaments salicylés (dont le plus connu est l'aspirine) de deuxième génération, à activité renforcée. "Une dizaine de nouvelles molécules seront disponibles d'ici la fin de l'année 2005 pour des essais cliniques", indique Pierre Desreumaux. Comme elles sont "issues de traitements déjà existants, on peut espérer un délai de mise sur le marché d'environ cinq ans", estime-t-il.

En France, quelque 200.000 personnes sont atteintes de maladies inflammatoires chroniques de l'intestin (MICI), dont 120.000 cas de maladie de Crohn et 80.000 de rectocolite hémorragique (RCH). Ces deux maladies sont des pathologies invalidantes qui durent toute la vie, faute de traitement assurant la guérison, et qui touchent essentiellement des sujets jeunes. Elles sont caractérisées par des douleurs abdominales, de la diarrhée, un amaigrissement, une altération de l'état général et peuvent se compliquer d'abcès, de fistule, voire d'occlusion.

Les médicaments dits 5-ASA, prescrits chez 85 % des patients atteints de MICI en raison de leur bonne tolérance et de leur peu d'effets secondaires, représentent un marché annuel de plus de 500 millions d'euros. Leur action anti-inflammatoire ayant été découverte par hasard, leur mécanisme d'action restait inconnu à ce jour. Les travaux menés par l'Inserm en collaboration avec la société pharmaceutique italienne Giuliani ont permis d'isoler un récepteur, le PPARy, à partir de cellules intestinales, puis de mettre en lumière le mécanisme permettant au médicament d'exercer son action anti-inflammatoire.

Résultat, après administration orale, le médicament 5-ASA se lie au récepteur provoquant le passage de ce dernier vers le noyau de la cellule. Une fois dans le noyau, le récepteur PPARy devient capable de recruter des "co-activateurs", des facteurs nécessaires à son activité. Il peut alors se lier à l'ADN de la cellule et activer des gènes anti-inflammatoires. C'est cette meilleure connaissance de l'interaction entre le 5-ASA et le récepteur PPARy qui a d'ores et déjà abouti au développement d'une dizaine de nouvelles molécules dérivées du 5-ASA. Leurs fonctions anti-inflammatoires seront testées in vitro sur des cellules intestinales humaines et in vivo sur des souris.

JEM

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