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La luzerne «à tout faire», un nouveau pétrole vert

De la luzerne va couler dans nos veines. Ce n'est pas de la science-fiction mais un projet qui prend corps en Champagne-Ardenne avec le concours de Médicago, une société québécoise de biotechnologievégétale qui travaille exclusivement la luzerne pour en faire des «usines à molécules» et dont les travaux de recherche ouvrent des perspectives étonnantes dans le domaine pharmaceutique. À l'origine, la luzerne n'était utilisée que pour l'alimentation du bétail, mais les exploitants des quatre départements champardennais, qui assurent 85% de la production nationale sur leurs 70000 hectares de terre calcaire, ont dû se rendre à l'évidence d'une rentabilité limitée. Dès 1980, ils ont décidé de développer de nouvelles applications fondées sur l'extraction foliaire, la seule qui permet de préserver les molécules. Ainsi est née la société d'origine coopérative Viridis, qui s'est donnée pour mission de récolter la meilleure luzerne possible pour extraire et purifier des composants qui intéressent l'industrie pharmaceutique, mais aussi le domaine des cosmétiques, de la santé animale (on fonde l'espoir de fabriquer un anticorps porcin), de la diététique et de l'alimentation humaine. Dans ce dernier domaine, un succès a déjà couronné la recherche avec l'extraction de la «rubisco», une molécule endogène à haut potentiel nutritif dont l'arrivée sur le marché est imminente. «Nous avons la chance incroyable d'avoir une des plantes les plus riches en potentiel d'extraction», s'est réjouit le président de Viridis, Damien Lévesque, en présentant à la mi-mai les enjeux et les projets à quelque 200 producteurs réunis à Châlons-en-Champagne en présence des associés, les dirigeants canadiens de Médicago.Il va sans dire que les applications les plus spectaculaires vont concerner les médicaments fabriqués à partir de la luzerne génétiquement transformée de façon à produire dans ses feuilles des molécules recombinantes «essentielles à la vie». Le professeur Louis Vézina, agronome et biochimiste, directeur scientifique de Médicago-Québec, qui est parvenu à «transformer la luzerne en usine cellulaire», espère produire à grande échelle de l'hémoglobine humaine. Des plants de tabac transgéniques produisant de l'hémoglobine avaient été obtenus en 1997, sous l'égide de l'Inserm (Institut national de la recherche médicale). «Nous sommes en négociation avec une dizaine de compagnies au Canada, aux États-Unis, au Japon et en France», indique le Professeur Vézina. La fabrication d'hémoglobine n'est pas la seule application envisagée, puisqu'on sait qu'il sera possible de produire de l'insuline, de l'interféron, des anticorps monoclonaux pouvant agir contre le VIH ou participer au traitement du cancer. Cette luzerne à tout faire n'est pas confinée au laboratoire de quelque professeur Tournesol : «Nous en sommes au stade de l'industrialisation», assurent les promoteurs de ce nouveau pétrole vert.

Figaro :

http://www.cyberpresse.ca/groups/public/documents/convertis/sci_p1068662.hcsp

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