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Lorsque les médias se mettent au Net

C'est bien sûr aux Etats-Unis que l'Internet a d'abord allumé le bûcher des vanités médiatiques. La concurrence a toujours été rude entre les différents canaux d'information -presse écrite, radio, télévision, etc.- comme au sein de chacun de ceux-ci. Elle s'est encore accentuée depuis l'apparition d'un réseau qui, en s'émancipant d'un seul coup de plusieurs règles traditionnelles de production et de diffusion de l'information, rappelle à quel point la pratique du journalisme est décidément tributaire des techniques disponibles. Les Etats-Unis, donc, ont été les premiers à pousser les caractéristiques de l'information en ligne aux confins de leurs limites. En publiant ces informations telles quelles, c'est-à-dire sans les recoupements imposés aux journalistes professionnels par leur déontologie, Matt Drudge -jeune trentenaire, longtemps gérant du magasin de souvenirs de la station CBS- a réussi, à diverses reprises, à provoquer ce qu'il appelle lui-même un "cycle d'information": les chaînes télévisées d'informations en continu puis l'ensemble des médias se sont empressés de relayer les infos diffusées par le "Drudge report". Avec pour principale couverture la citation du titre du magazine virtuel...Symbolique d'une nouvelle menace sur la qualité de l'information, le "Drudge report"? Sans aucun doute. La publication d'informations en ligne pose manifestement quelques défis. Avec l'Internet, remarquait récemment le "Los Angeles Times", on renoue avec les guerres des journaux des générations précédentes, quand chaque grande ville comptait plusieurs quotidiens, chacun publiant plusieurs éditions par jour, quand l'expression "Dernière nouvelle! Spéciale dernière!" retentissait à tous les coins de rue. Par cette image, le journal californien soulignait que l'Internet provoque, particulièrement au sein de la presse écrite américaine, une sorte de "syndrome CNN": une recrudescence de la concurrence essentiellement basée sur la rapidité avec laquelle une information est publiée. Afin de ne pas se laisser distancer par les magazines en ligne (et conserver l'attrait des annonceurs), de nombreux quotidiens américains vont jusqu'à publier sur le site Web une partie de leurs articles, dès la nuit précédant la parution du journal de papier. Le risque, bien entendu, est d'entrer dans la spirale de l'info en continu. C'est d'ailleurs pour cette raison que plusieurs grands journaux, comme le "New York Times" ou le "Washington Post", se forcent à conserver leurs articles majeurs pour leur édition "papier". Mais combien de temps résisteront-ils à la pression?

(Le Soir27/12/98) http://www.lesoir.com/

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