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Un lien entre maladies coronariennes et risque ultérieur de démence a été mis en évidence

Des chercheurs français et britanniques viennent de mettre en évidence un lien entre maladies coronariennes et augmentation du risque de souffrir ultérieurement de troubles cognitifs. Dues le plus souvent à la présence de plaques sur la paroi interne des artères du muscle cardiaque, les maladies coronariennes se caractérisent par des crises d'angine de poitrine et des infarctus du myocarde. Elles constituent l'une des causes les plus fréquentes de mort prématurée dans les pays industriels.

L'étude a été menée sur un groupe de 5 837 fonctionnaires britanniques - hommes et femmes - âgés de 61 ans. Tous font partie de la cohorte "Whitehall II", créée en 1985 dans le but d'étudier l'impact sur différentes pathologies des facteurs socio-économiques et comportementaux. Les participants bénéficient d'un examen médical approfondi tous les cinq ans et doivent, dans l'intervalle, répondre à des questionnaires.

Dirigés par Archana Singh-Manoux (unité 687 de l'Inserm, University College de Londres), les auteurs de cette publication ont procédé à une évaluation standardisée des fonctions cognitives de chaque fonctionnaire à partir d'une série de tests concernant les capacités mathématiques, de raisonnement mais aussi de mémoire et d'expression verbale.

Ils ont pu établir que les 620 participants ayant un passé de maladie coronarienne obtenaient des performances statistiquement inférieures aux autres fonctionnaires. Plus précisément, ces performances sont d'autant plus faibles que la maladie est ancienne, le score baissant d'environ 30 % par tranche de cinq années.

"Nous souhaitions mener ce travail de recherche sur les facteurs à l'origine des états de démence bien en amont de la démence proprement dite car, à ce stade, tout est devenu beaucoup trop complexe, explique Archana Singh-Manoux. Les conclusions auxquelles nous parvenons permettent d'établir clairement une corrélation pour laquelle nous n'avons pas d'explications démontrées. On peut toutefois raisonnablement avancer l'hypothèse selon laquelle une altération chronique de la vascularisation du tissu cérébral du fait de la maladie coronarienne peut entraîner une altération précoce des fonctions cognitives qui, à terme, évolue vers la perte d'autonomie et la démence."

Ces conclusions peuvent être rapprochées des observations anatomopathologiques faites sur des cerveaux de personnes décédées qui ont montré que, dès 47 ans, 50 % d'entre elles présentaient déjà des lésions cérébrales caractéristiques de la maladie d'Alzheimer alors qu'elles n'en montraient aucun des symptômes.

L'équipe franco-britannique rappelle que les facteurs de risque de la maladie coronarienne sont aujourd'hui bien connus. Il s'agit notamment du tabagisme, du diabète, des taux sanguins élevés de cholestérol et de l'hypertension artérielle, autant d'éléments qui peuvent être modifiés, notamment par le sevrage tabagique, des modifications diététiques et une activité sportive.

Pour Mme Singh-Manoux, on peut d'ores et déjà envisager que les messages sanitaires visant à prévenir la maladie coronarienne soient complétés en expliquant qu'ils concernent également la prévention du déclin précoce des fonctions intellectuelles.

EHJ

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