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L'obésité touche à présent toutes les générations

Le plus grave, c'est l'augmentation des cas d'obésité chez les jeunes adultes et les personnes âgées ». Pour le professeur Arnaud Basdevant, responsable du service de nutrition à l'Hôtel-Dieu à Paris, l'épidémie de surpoids qui s'étend en France est en passe de devenir un sérieux problème de santé publique. De surcroît, soigner des malades très corpulents est une nouvelle source de nombreux casse-têtes dans les hôpitaux. L'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a bien lancé un programme « spécial gros patients », mais globalement, ces cas sont difficiles à gérer dans les structures de soins existantes. « Six centres spécifiques ont été créés dans la région parisienne pour prendre en charge les obésités morbides. Mais certains malades ne peuvent toujours pas accéder à l'imagerie médicale, faute de machines adaptées », indique Arnaud Basdevant.

En fait, la plupart des équipements hospitaliers sont calibrés pour des tailles relativement standards. « De nombreux malades se voient refuser l'accès dans des services qui ne disposent pas des engins de levage ou de brancardage adéquats », ajoute le nutritionniste parisien. Une chose est sûre : compte tenu de l'augmentation inéluctable du nombre d'obèses dans le pays, le monde de la santé « va devoir s'adapter à la nouvelle donne ».

Les chiffres de la dernière enquête ObEpi-Roche révélés le 19 septembre dernier sont sans appel. Actuellement, 12,4 % des Français souffrent d'un indice de masse corporelle supérieur à 30 (plus de 90 kg pour 1,74 m), seuil qui les fait rentrer dans le camp des obèses modérés, selon la classification internationale. Et près de 0,8 % de la population (environ 500.000 personnes) est déjà dans la zone rouge qui démarre au-delà d'un IMC de 40 (120 kg pour 1,74 m ou 108 kg pour 1,65 m). « Cette augmentation des obésités massives est très préoccupante » indique le médecin de l'Hôtel-Dieu.

Selon cette enquête, la proportion de gros progresse dans toutes les classes d'âge : elle atteint 3 % chez les 15-25 ans (contre 1,8 % en 1997), 8,7 % chez les 25-34 ans (contre 5,5 %), 13,1 % chez les 35-44 ans (contre 7,7 %), 18,3 % chez les 55-64 ans (13,2 %) et 16,5 % chez les plus de 65 ans (contre 11,2 %). Cette généralisation de l'embonpoint excessif inquiète Marie-Aline Charles, médecin à l'Inserm et coordonnatrice des enquêtes ObEpi. « Les nouvelles générations sont touchées de plus en plus tôt. En moyenne, les femmes de 28 ans ont aujourd'hui le même tour de taille que leurs mères qui ont plus de 50 ans ».

Près d'une femme sur trois possède désormais un tour de taille au-delà du seuil d'alerte. Cette valeur liée à l'adiposité abdominale est aujourd'hui considérée comme un bon indicateur du risque cardio-vasculaire associé à la surcharge pondérale. Le tour de taille maximum a été fixé à 102 cm chez les hommes et 88 cm chez les femmes.

Trois pathologies principales sont associées au poids : les maladies cardio-vasculaires, le diabète de type 2 et l'hypertension artérielle. « Mais il y a également un risque majoré pour les cancers et nous rencontrons de très nombreux problèmes articulaires », ajoute Arnaud Basdevant.

Reste enfin posé le problème des seniors. L'enquête 2006 montre que cette tranche d'âge n'est pas épargnée par l'épidémie. Actuellement, 19,3 % des hommes dans la tranche d'âge 65-69 ans est en situation critique du point de vue de la corpulence (16,7 % des femmes).

Ce ratio diminue certes avec l'âge (17,7 % des 70-74 ans et 11,8 % chez les plus de 80 ans), mais il est trop élevé. « Il faudra lancer une enquête spécifique à ces populations » plaide Arnaud Basdevant. En fait on ne sait pas si un embonpoint chez les seniors est un avantage (protection en cas de chute) ou un inconvénient (induisant des maladies associées). Une chose est sûre, l'obésité traverse désormais toutes les générations sans exception et les anciens n'ont pas réussi a éviter le double piège de la suralimentation et du manque d'exercice.

Roche

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