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Edito : L'obésité : Un fléau social majeur

L'obésité a fait un bond de 5,6 % en un an aux Etats-Unis, où au moins un cinquième de la population adulte est désormais obèse, une tendance dont l'effet dévastateur se matérialise déjà par une forte progression des cas de diabète. A ce jour, plus de 44 millions d'Américains adultes sont considérés comme obèses, soit une hausse de 74 % par rapport à l'état de santé du pays en 1991. En comptant les enfants, près de 60 millions d'Américains sont obèses (31,5 % de la population). Conséquence de cette augmentation de l'obésité : les cas de diabète ont en effet bondi de 61 % entre 1990 et 2001. Le diabète touchait seulement 4,9 % de la population en 1990, comparé à 7,9 % en 2001. Les dernières études américaines montrent que, par rapport aux personnes d'un poids normal, les personnes obèses sont sept fois plus à risque de diabète, six fois plus à risque d'hypertension, près de deux fois plus à risque de niveaux de cholestérol élevés, près de trois fois plus à risque d'asthme et plus de quatre fois plus à risque d'arthrite. Quant à la France, elle n'est malheureusement pas épargnée par cette augmentation irrésistible de l'obésité qui caractérise nos sociétés développées. L'obésité en France a été multipliée par cinq en vingt ans. Elle concerne aujourd'hui 10 % des adultes et surtout 16 % des enfants. Aujourd'hui, près de 40 % des Français sont concernés par un problème de poids. Alors que la France avait récemment le taux d'obésité le plus bas d'Europe, nous risquons, d'ici 20 ans, de rattraper les Etats-Unis et si cette progression se confirme, un Français sur cinq sera obèse en 2020, 50 % de la population et 25 % d'enfants souffriront d'une surcharge pondérale ! Une étude scientifique récente menée par des chercheurs néerlandais montre que l'obésité réduit l'espérance de vie tout autant que la cigarette. Selon cette étude, à 40 ans une femme obèse réduit son espérance de vie de sept ans par rapport à une femme de poids normal, et un homme obèse de près de six ans. En juin 2002, la Fédération mondiale du coeur estimait qu'un humain sur six est obèse. La surcharge pondérale, à l'origine de maladies cardio-vasculaires, serait même la cause directe d'un décès sur trois chaque année dans le monde. Selon l'organisation, une obésité sérieuse multiplie par 12 la mortalité chez les 25-35 ans et accroît les risques d'apparition du diabète et du cholestérol, principaux facteurs des maladies cardio-vasculaires et d'accidents vasculaires cérébraux. On attribue souvent, et à juste titre, cette augmentation continue de l'obésité à une alimentation trop riche et déséquilibrée. Mais il faut également souligner le rôle majeur joué par la diminution considérable de l'activité physique dans nos sociétés depuis un siècle. L'utilisation systématique de la voiture pour les déplacements, la consommation croissante de télévision et de jeux vidéos, chez les jeunes, pour ne citer que ces deux exemples, sont les signes d'une modification profonde de notre mode de vie. Face à cette évolution dramatique, dont le coût économique, social et humain risque de devenir bientôt exorbitant pour notre collectivité, nous devons prendre des mesures qui soient à la hauteur de ce défi de société. Il convient notamment de revaloriser la place de l'éducation physique à l'école mais aussi de favoriser la pratique du sport dans le cadre de l'entreprise et, d'une manière générale, à tous les âges de la vie. Parallèlement, il est indispensable de faire de la diététique une discipline scolaire à part entière et d'inculquer à nos enfants tout au long de leur scolarité les connaissances indispensables à l'acquisition de bonnes pratiques alimentaires pour toute la vie. Ce problème majeur de l'obésité nous démontre que nous ne pouvons pas tout attendre des progrès de la science et de la médecine et que nous sommes responsables de nos habitudes de vie et de nos comportements. Il nous appartient donc, en pleine connaissance de cause, et en tenant compte de notre profil génétique personnel, d'adopter des modes de vie plus sains qui peuvent nous apporter des bénéfices considérables en matière de santé et de bien-être.

René TRÉGOUËT

Sénateur du Rhône

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