RTFlash

L'info en ligne a gagné ses lettres de noblesse

Malgré quelques ratés d'ordre technologique, les sites d'information en ligne ont largement contribué à la couverture des attaques terroristes du 11 septembre dernier contre le World Trade Center et le Pentagone. Telle est du moins l'opinion des spécialistes des médias que nous avons interrogés. “Je pense que les sites d'information ont atteint une certaine maturité pendant cette terrible crise”, estime Howard Kurtz, journaliste en charge de la rubrique médias au "Washington Post". “Ils ont couvert l'événement avec toutes sortes de reportages, d'analyses et de commentaires, permettant également aux internautes d'intervenir.” Ce n'est pas la première fois que sont testées les capacités d'Internet en tant que support d'information. La publication du rapport Starr

Courrier International :

[http://www.courrierinternational.com/mag/INTmedia.htm">relatif à l'affaire Clinton-Lewinsky], en 1998, et l'interminable élection présidentielle de l'année dernière aux Etats-Unis avaient déjà démontré l'aptitude de ces sites à gérer des pics de consultation et à proposer rapidement des informations utiles, ainsi que des liens vers des sources contextuelles. “Par le passé, la Toile s'est imposée parce qu'elle offrait davantage d'information que la télévision, dans la mesure où cette dernière ne diffusait que des reportages courts ou parce qu'il y avait peu de chaînes d'information susceptibles d'assurer ce genre de travail”, explique Gabriel Snyder, chroniqueur média au "New York Observer". “Mais, la semaine dernière, toutes les stations de radio et toutes les chaînes de télévision ont consacré l'ensemble de leur programmation aux attaques terroristes. Si bien qu'il y avait la plupart du temps autant d'information, sinon plus, que sur les sites Internet”, ajoute-t-il. Lors des événements précédents, les sources d'information en ligne avaient fait la différence parce que la plupart des infos étaient compliquées ou faisaient appel à de longs documents à l'image des résultats électoraux. “Les attaques terroristes marquent une situation totalement opposée. On disposait de peu d'éléments, et les faits ont beaucoup tardé à venir. Et, quand ils étaient disponibles, la meilleure façon de les connaître était souvent de brancher la télévision”, note M. Snyder. Dès que le rythme des événements s'est ralenti, les sites d'information en ligne ont pris une importance plus grande, estime Rich Gordon, directeur du programme des nouveaux médias à l'école de journalisme Medill, de l'université Northwestern. “A partir du moment où il n'y a plus de faits nouveaux ou que ceux-ci ne sont plus aussi intéressants et qu'ils interviennent de façon inattendue, la meilleure façon de rester dans le coup était de consulter, tous les matins, les sites d'information”, commente-t-il en s'appuyant sur l'immédiateté d'Internet et sur la qualité des informations demandées pour justifier l'ascendant pris par le Net sur les médias audiovisuels. Selon lui, tous les sites qu'il a étudiés ont été à la hauteur. Mais, malgré leur avance technologique, ces sources d'information en ligne manquent encore d'un format interactif leur permettant de traiter les nouvelles de façon différente par rapport aux supports traditionnels. “Je crois que les nouveaux médias devront en fin de compte créer un autre langage pour faire du journalisme. Ce n'est pas encore très visible et, quand ça l'est, cela ne concerne pas des événements importants car cela prend beaucoup de temps à monter, poursuit-il. Nous sommes arrivés à un point, aujourd'hui, où l'on peut monter un reportage vidéo en quelques heures, mais, quand il s'agit de produire un contenu multimédia interactif, cela demande plusieurs jours. C'est là un défi auquel nous devons réfléchir.” Mindy McAdmas, qui fait des recherches et enseigne le journalisme en ligne à l'université de Floride, explique que le Net a été particulièrement utile pour accéder aux commentaires et aux articles produits à l'étranger. Elle a, par exemple, consulté le site du "Bangkok Post" pour recueillir des articles sur les ressortissants thaïs qui travaillaient au World Trade Center. Les témoignages qui venaient de personnes ayant vécu directement les événements publiés sur le site Webloggers, implanté à New York, constituent un élément encore plus passionnant à ses yeux. Ils étaient souvent accompagnés de photographies et de vidéos prises sur les lieux des attentats. “Cela démontre que l'information ne se limite plus à ce que nous considérons comme les médias traditionnels. L'interview de l'homme de la rue est maintenant réalisée par l'homme de la rue, puis publiée en ligne avec ses propres photos.” Pour Sreenath Sreenivasan, professeur chargé des nouveaux médias à l'école supérieure de journalisme de l'université Columbia, le traitement de l'information auquel ont procédé les sites lors des événements de New York et de Washington devrait amener les médias à reconsidérer leurs opérations sur le Net. “Alors qu'il était de bon ton, après l'éclatement de la bulle Internet, de dénigrer le journalisme en ligne, les événements ont démontré de différentes façons qu'il était indispensable d'accorder des moyens à cette forme d'information.”

Courrier International :

[http://www.courrierinternational.com/mag/INTmedia.htm

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top