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L'impact économique du réchauffement planétaire

Les scientifiques en sont à présent sûrs : la température à la surface de la terre augmente à un rythme anormalement rapide. "Nous devrions être dans un cycle long de refroidissement, depuis environ 10.000 ans, qui devrait culminer dans 60.000 ans avec une période glaciaire", souligne Jean Jouzel. Or on constate au contraire depuis 150 ans un réchauffement constant et très rapide du climat. L'étude des glaces polaires permet désormais d'affirmer que ce réchauffement, particulièrement sensible depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale est lié à la concentration de gaz carbonique (CO2) d'origine humaine libéré par les énergies fossiles : gaz, pétrole et charbon. "On a deux certitudes, explique Jean Jouzel : "l'homme modifie la composition de l'atmosphère, et le climat se réchauffe". Ainsi, 1998 a été sans conteste l'année la plus chaude, et la dernière décennie la plus chaude du millénaire. A terme, le réchauffement, estimé entre 1,5 et 6 degrés en moyenne par la communauté internationale des chercheurs, se traduira par une condensation énorme de vapeur d'eau libérée par les océans, ce qui peut favoriser les phénomènes violents : précipitations, sécheresses, tempêtes. De nombreuses inconnues demeurent cependant : les chercheurs s'interrogent sur le rôle des nuages, d'autant que les gaz libérés dans l'atmosphère comme les aérosols produisent à leur tour des gouttes nuageuses plus petites et plus réfléchissantes, susceptibles de refroidir l'atmosphère. En dépit des incertitudes, "le consensus des scientifiques en faveur d'un lien entre activité humaine et réchauffement climatique s'est nettement raffermi depuis dix ans", souligne Jean Jouzel. "Il est indispensable de commencer dès maintenant à stabiliser les émissions de gaz à effets de serre, sinon on risque d'aboutir à un climat très différent du climat actuel", affirme-t-il. Le réchauffement de la planète et sa cohorte de désordres climatiques ont un impact économique dont le coût commence à préoccuper les responsables. Le réchauffement planétaire risque de coûter entre 1 et 2% du PIB mondial d'ici 2050, au rythme actuel des émissions de gaz à effet de serre, selon l'économiste suisse Sam Frankhauser. "Si la concentration de gaz dans l'atmosphère augmente, les dommages augmenteront également", souligne M. Frankhauser, aujourd'hui expert auprès de la Banque europénne de reconstruction et de développement (BERD). Il n'inclut pas dans ses estimations le coût des tempêtes, cyclones et inondations qui pourraient se multiplier avec le réchauffement dû aux gaz à effet de serre générés par les activités humaines. Les scientifiques ne sont pas sûrs que les tempêtes actuelles soient dues au réchauffement climatique, mais ils sont à peu près certains que le réchauffement (1 à 3 degrés d'ici 2050) se traduira par une multiplication des désordres climatiques comme les ouragans, les tempêtes et les inondations. Ces dérèglements affecteront les activités humaines . Les recherches conduites par la société Munich Re font déjà état d'une plus grande fréquence des catastrophes liées au climat depuis trente ans, sans pour autant établir un lien formel avec l'émission de gaz à effet de serre. Sur les dix catastrophes les plus importantes survenues entre 1983 et 1999, seulement deux ont été des tremblements de terre, les autres résultant d'ouragans, de typhons et d'inondations. Le plus coûteux, l'ouragan Andrew, a occasionné le paiement de 20,8 milliards de dollars d'indemnisations. Le Groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) qui réunit 3. 000 chercheurs sous l'égide d'organisations spécialisées de l'ONU, estime que la température moyenne sur Terre augmentera au siècle prochain de 1,5C à 6C (de 1990 à 2100), "une augmentation sans précédent depuis 10.000 ans". Les régions septentrionales d'Amérique du Nord, de l'Asie septentrionale et centrale seront particulièrement touchées, avec une hausse de température supérieure de 40% à la hausse planétaire. Si l'impact peut être positif pour les agriculteurs de l'hémisphère nord, nombre de pays déjà défavorisés vont souffrir de sécheresse. "Les Etats-Unis et l'Europe s'en sortiront avec des changements mineurs, estime Sam Frankhauser, mais les pays en voie de développement (Bangladesh et petits Etats insulaires menacés d'inondation, pays africains en voie de désertification) vont beaucoup souffrir". Pier Vellinga et Willem Van Verseveld, de l'Institut pour les études environnementales de l'Université libre d'Amsterdam estiment que l'homme risque de réagir trop lentement au changement rapide du climat. Routes, infrastructures, approvisionnement en eau seront inadaptés à la nouvelle donne, se traduisant par des pertes économiques "significatives", selon leur étude commanditée par le World Wide Fund (WWF) et publiée en septembre. Les efforts internationaux pour réduire l'émission des gaz à effet de serre, dont les modalités seront fixées à La Haye (13-24 novembre) vont également coûter cher. Pour l'Union européenne, la note pourrait s'élever de 6 à 9 milliards d'euros (5,04 à 7,56 milliards de dollars), selon les estimations de la Commission.

AFP : http://fr.news.yahoo.com/001109/1/qagr.html

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