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L'Europe de la science toujours à la traîne de l'Amérique

L'Europe de la recherche a beau être en marche, il lui reste encore beaucoup à faire. Pour preuve, ce rapport de la Commission européenne qui fait le point sur le sujet et vient d'être présenté à Athènes, dans le cadre de la conférence européenne sur les politiques de recherche. Premier constat : l'objectif que les dépenses consacrées à la recherche atteignent 3 % du produit intérieur brut (PIB) de chaque pays d'ici à 2010, que les chefs d'Etat et de gouvernement des Quinze se sont fixé au Conseil européen de Barcelone en mars 2002, est loin d'être à portée de main. Avec 1,9 %, l'Europe est à la traîne des États-Unis (2,7 %) et, plus encore, du Japon (3 %). «Ces lacunes sont principalement dues à la faiblesse du secteur privé», stigmatise le rapport. Plus grave, «les écarts qui séparent les différents pays du continent européen se creusent, ceux qui ont le plus de potentiel se renforcent, les autres continuent à décliner», constate à regret le Belge Philippe Busquin, commissaire européen à la Recherche. De fait, l'Europe de la recherche peut se répartir entre quatre groupes. Les pays scandinaves, les plus en pointe, sont en mesure de rivaliser avec le Japon et les États-Unis. La Suède apparaît comme le grand champion, devançant même sur certains points les deux leaders mondiaux. Arrive ensuite un peloton d'Europe du Nord composé de la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, la Belgique, l'Autriche et la Hollande, qui ont fait des progrès mais se situent néanmoins encore en deçà du Japon et des États-Unis. Le Portugal, l'Irlande et la Grèce peuvent pour leur part revendiquer des progrès importants, tout en partant de beaucoup plus bas. Ce qui ne les empêche pas de disposer d'atouts non négligeables : un nombre croissant d'étudiants en sciences et techniques pour le Portugal, l'engagement des entreprises dans l'innovation pour l'Irlande. Enfin, en queue de peloton, figurent l'Espagne et l'Italie, cette dernière étant le mouton noir sur la plupart des critères. Quels sont les éléments qui permettent d'expliquer de tels écarts ? Le plus important est indéniablement le budget consacré à la recherche. Avec des écarts allant de 3,7 % du PIB pour la Suède à 0,6% pour la Grèce, ce critère est particulièrement discriminant. Tout aussi importante est l'évolution de cet investissement. A cet égard, parmi les grands pays, avec un budget en croissance de 3,8 % entre 1995 et 2002, l'Allemagne sort du lot, cependant derrière la Finlande (+ 13,5 %), la Grèce (+ 12 %) et le Portugal (+ 9,9 %), tandis que la France (+ 1 %) fait figure de dernier de la classe. Mais là n'est pas tout, loin s'en faut. Philippe Busquin estime aussi que «la recherche est très dépendante du lien plus ou moins étroit qui a été instauré entre les PME et les universités d'un pays». Or c'est le cas de 55% des PME en Finlande, à comparer à 10% d'entre elles en France, pour une moyenne européenne de 25%. Autre indicateur clé : le nombre de brevets déposés. A cet égard, l'Allemagne (17,6% des brevets déposés en Europe) affiche sa suprématie. En revanche, le nombre d'étudiants en sciences et techniques est problématique outre-Rhin, alors que le pays compte le plus grand nombre de chercheurs d'Europe (255 000, soit à lui seul plus du quart de l'Europe entière). Pourtant, rien n'est figé. Il suffit de regarder la Grande-Bretagne, qui était tombée à un niveau très faible au cours des années 90 et a bien redressé la barre depuis (avec un nombre de publications supérieur de 15% à la moyenne européenne), grâce à l'instauration d'un crédit d'impôt dans la recherche. Forts de ces constats, la Commission a émis en septembre dernier, dans une communication écrite sur le sujet, une série de recommandations pour tenter de rattraper le retard. Parmi celles-ci, figure l'établissement de priorités plus claires et plus cohérentes pour la recherche et développement (R&D) publique, le développement de partenariats de R&D entre le secteur public et le secteur privé, du type Galileo (future constellation de satellites de navigation, actuellement au point mort), l'amélioration du cadre juridique des droits de propriété industrielle, ou la mise en place de réformes fiscales en vue de réduire les incitations négatives aux investissements.

Figaro : http://www.lefigaro.fr/sciences/20030210.FIG0157.html

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