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L'Europe chauffe, mais c'est le Sud qui souffre

Les dernières nouvelles du climat ne sont pas bonnes. Les 3.000 spécialistes qui travaillent pour les Nations unies ne nous ont pas habitués aux effets de manches. Mais leur précédent rapport, qui date de 1995, avait travaillé sur des hypothèses apparemment trop raisonnables. Alors que leur nouvelle somme scientifique sur la question ne doit paraître qu'en mai 2001, les premières conclusions ont filtré. Parallèlement à ce travail monumental, l'université britannique d'East Anglia (Norwich) a coordonné une recherche visant à déterminer l'impact du changement climatique sur la zone européenne. Conclusions du projet « Acacia », financé par la Commission : dans les prochaines années, le sud de l'Europe souffrira bien davantage du réchauffement de l'atmosphère que le Nord. Là, l'élévation des températures se marquera par de fréquentes sécheresses, une multiplication des incendies de forêt, l'érosion des sols, un appauvrissement agricole et une pénurie d'eau de plus en plus marquée. Sous nos latitudes, les précipitations seront plus importantes, entraînant des inondations et des tempêtes plus fréquentes. Les hivers deviendront de plus en plus doux, les étés de plus en plus chauds. La nature des cultures changera, de même que la faune, suite à l'apparition d'espèces originaires des régions plus chaudes. Notre rapport précise des informations dont nous disposions auparavant, souligne Mark Rounsevell, chercheur à l'Université catholique de Louvain, et membre du groupe de 30 scientifiques impliqués dans « Acacia ». Il insiste sur l'approfondissement de la fracture entre le nord et le sud de l'Europe, notamment dans la capacité des différents pays à s'adapter aux changements du climat. Car les adaptations ne seront pas seulement une affaire de choix politiques, mais aussi de ressources financières. Or, le sud de l'Europe dispose de moins de moyens que le Nord, poursuit Rounsevell. Selon le rapport, les températures en Europe augmenteront de 0,1 °C à 0,4 °C par décennie. Ce réchauffement, lit-on, sera plus important au sud de l'Europe (Espagne, Italie et Grèce) et au nord-est (Finlande, Russie occidentale) et moins marqué le long des côtes atlantiques. Conséquences : les hivers froids deviendront de plus en plus rares à partir de 2020 et disparaîtront presque complètement à partir de 2080. En revanche, les étés chauds deviendront de plus en plus fréquents. Notre travail a aussi porté sur les conséquences sociales et économiques de cette évolution, dit le chercheur. Le tourisme et les activités de plein air seront « stimulées » sous nos latitudes, tandis que les vagues de chaleur pourraient chasser les touristes des plages méditerranéennes en été. Enfin, les stations de sports d'hiver souffriront d'un enneigement plus capricieux. Le Nord connaîtra un accroissement des précipitations (en moyenne entre 11 et 12 % par décennie). Ce sera aussi le cas au Sud, mais dans une mesure plus faible (environ + 1 % par décennie). En été, l'humidité moyenne devrait augmenter d'environ 2 % au Nord, alors que le Sud connaîtra une évolution négative de 5 %. Résultats : au désespoir des assureurs, les risques d'inondations augmenteront partout (mais surtout dans les régions côtières et dans les vallées alpines), et un manque croissant d'eau se fera sentir dans les régions du Sud. Nous devons nous attendre à d'autres changements majeurs, poursuit Mark Rounsevell. Le principal d'entre eux touchera le secteur agricole. Suite à l'augmentation du CO2 dans l'atmosphère, le rendement des récoltes augmentera fortement. Cet accroissement se situera entre 20 et 30 % pour les céréales, les pommes de terre, les betteraves sucrières... Alors même que les Européens tentent de réduire leur production agricole. Certaines cultures typiques du Sud apparaîtront dans nos pays, contribuant à une modification des paysages.

Le Soir : http://www.lesoir.com/ARTICLES/00DEE9.html

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