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L'Etat se tourne vers le logiciel libre

Le gouvernement français veut diviser par deux le coût des logiciels informatiques utilisés par l'Etat en s'adressant à des éditeurs de "logiciels libres", qui seront ainsi mis en concurrence avec le géant américain Microsoft, a déclaré vendredi à Reuters Renaud Dutreil. Dans une interview exclusive, le ministre de la Fonction publique souhaite aussi réduire de 25% la facture téléphonique de l'Etat en recourant à la téléphonie par internet, solution pour laquelle France Télécom sera également mise en concurrence avec d'autres opérateurs. "Dans les trois années à venir, une grande partie des licences logiciels des 900.000 postes informatiques de l'Etat devront être renouvelées", dit-il. "Sur les seuls produits de bureautique (traitement de texte, tableur, présentation...), l'enjeu financier est supérieur à 300 millions d'euros." Au-delà des logiciels bureautiques, sont aussi concernés systèmes d'exploitation, outils de base de données, de courrier électronique et de navigation sur internet, ainsi que logiciels de pilotage de serveur. Selon un expert gouvernemental, le coût des licences et l'économie espérée pour les systèmes d'exploitation sont du même ordre que pour les logiciels bureautiques. Renaud Dutreil souhaite que les ministères "étudient très sérieusement toutes les solutions pour diminuer cette facture". "La concurrence est ouverte", souligne le ministre. "Mon estimation est que l'on peut au moins diviser par deux la facture logiciel de l'Etat." Il précise qu'il a rencontré de nombreux acteurs du secteur et estime que les logiciels libres, de type Linux, OpenOffice, Mozilla, Apache, MySQL, Evolution, constituent aujourd'hui une "solution très crédible", "en particulier en terme de sécurité", portée par des entreprises "solides et innovantes". "Ce qui transparaît clairement, c'est que les solutions bâties sur des logiciels libres sont aujourd'hui devenues une alternative crédible à l'utilisation de logiciels propriétaires, aussi bien en terme de prix que de fonctionnalités", dit-il. "Je pense que ces logiciels méritent une place plus importante sur les postes de travail de l'administration." Aujourd'hui, environ 95% des systèmes d'exploitation installés sur les postes de travail informatiques dans le monde sont des logiciels Microsoft. En revanche, deux tiers des serveurs fonctionnent avec des logiciels libres. Renaud Dutreil déclare ne rien avoir "contre Microsoft" - "Nous ne lançons de guerre ni contre Microsoft, ni contre les entreprises américaines du secteur du logiciel", dit-il. Mais il affirme que le géant américain "doit redevenir un fournisseur de l'Etat parmi d'autres", tout en précisant que le gouvernement retiendra "la meilleure offre". Des ministères comme ceux de la Culture, de l'Agriculture, des Finances et de l'Equipement ont déjà signé des contrats avec l'éditeur français de logiciels libres MandrakeSoft, a-t-on appris auprès de cette société. La police nationale a essayé des logiciels libres sur 20.000 postes et des tests ont été faits "dans tous les ministères", indique pour sa part l'entourage de Renaud Dutreil. "L'expérimentation est terminée", ajoute-t-on de même source. "Maintenant il faut qu'on entre dans une phase plus intense où réellement on fait des économies." Les décisions concernant les modalités de renouvellement du parc logiciel de l'Etat seront prises "avant la fin de l'année" et l'essentiel de l'opération se fera "en 2004-2005", précise l'entourage du ministre. Dans le domaine des télécommunications, Renaud Dutreil estime que l'Etat doit aussi bénéficier des baisses de coûts permises par les nouvelles technologies. "La facture téléphonique de l'Etat est de 260 millions d'euros par an. Je pense que nous pourrons la diminuer très rapidement d'un quart en utilisant la technologie de voix sur IP (téléphonie par internet) pour toutes les communications entre les administrations", explique le ministre. "Le secteur des télécommunications est concurrentiel et il existe différents concurrents de France Télécom qui sauraient tout aussi bien que l'opérateur historique répondre à cette attente", ajoute-t-il. "Nous sélectionnerons évidemment le mieux-disant."

Reuters : http://fr.news.yahoo.com/040618/85/3xeq2.html

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