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L’enquête nationale sur l’âge du Bronze : une première dans le domaine de la recherche archéologique en France

L’Inrap organisait, les 29 et 30 novembre 2011 à Bayeux, une table ronde consacrée à « L’habitat et l’occupation des sols à l’âge du Bronze et au début de l’âge du Fer en France » pour restituer les premiers résultats de l’enquête nationale consacrée à ce domaine.

L’âge du Bronze a longtemps été considéré comme une période de transition, plus ou moins longue, entre les sociétés néolithiques et les premiers Gaulois de l’âge du Fer. Les recherches conduites ces vingt dernières années, notamment en archéologie préventive, ont profondément renouvelé la documentation disponible et mis en évidence la place de cette période dans la construction des paysages actuels. Toutefois cette documentation restait éparse, mal répertoriée et peu exploitée.

Lancée en 2008 dans le cadre des axes de recherche de l’Inrap, cette enquête avait pour objet la recension et l’analyse des acquis récents en protohistoire ancienne (entre 2200 et 600 avant notre ère), et plus particulièrement les formes du peuplement à l’âge du Bronze. Ce projet réunit plus de 70 chercheurs, issus de l’Inrap et d’institutions partenaires (CNRS, Université, services régionaux de l’archéologie, services archéologiques de collectivités territoriales…). L’analyse détaillée de plus de 1 700 opérations (diagnostics ou fouilles) débouche sur la constitution d’une base de données nationale.

L’âge du Bronze apparaît désormais comme une période décisive de la construction des paysages. L’impact des activités de production agropastorales marque de manière significative l’environnement, même dans des milieux jusqu’alors peu anthropisés comme la montagne. Dans le même temps, l’établissement de réseaux viaires ou de parcellaires révèle des changements de pratiques agraires (petite agriculture attelée). L’habitat, par ses formes, ses fonctions et les réseaux qu’il constitue, dévoile d’importantes mutations et notamment le développement d’une société très hiérarchisée.

L’enquête a aussi permis de souligner le rôle tenu par les espaces funéraires comme marqueurs de l’organisation territoriale. Ainsi, dans le sud de la France, de très grandes nécropoles, dont certaines intégrant parfois plusieurs centaines d’individus, forment de vastes « villes des morts », déconnectées des habitats, et occupent des lieux particuliers (interfluve, etc.). Plus au nord, d’autres monuments, tels de grands ensembles tumulaires occupés dans la longue durée, montrent toute l’importance que revêtent les formes symboliques d’appropriation de l’espace.

Si des changements globaux, comme la croissance démographique, l’importance des changements climatiques caractérisent l’âge du Bronze, période durant laquelle se construit une nouvelle ruralité, seules l’existence d’une plus forte hiérarchisation sociale et la mise en place de territoires aux développements propres peuvent expliquer les profonds décalages observés d’une région à l’autre.

Ce bilan marque une première étape. En effet, la base de données, en cours d’enrichissement, permet aujourd’hui de disposer d’une grande masse d’informations — issues notamment de diagnostics archéologiques et de fouilles de grandes surfaces —, qui reste à exploiter. Il sera tout autant nécessaire de confronter ces tendances avec celles issues d’autres pays européens où l’archéologie préventive a également contribué à renouveler la documentation et les modèles.

L’enquête nationale sur l’âge du Bronze est pilotée par Laurent Carozza (CNRS), Cyril Marcigny et Marc Talon (Inrap). Elle a associé plus de soixante-dix chercheurs, dont une grande majorité d’archéologues de l’Inrap, mobilisant près de 1000 jours de recherche de 2008 à 2011. Ses résultats seront publiés en 2013 dans la collection « Recherches archéologiques » coéditée par l’Inrap et CNRS éditions.

Inrap

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