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L'énergie solaire concentrée, la chance énergétique des pays du sud

L'énergie solaire concentrée, produite par des centrales dotées de miroirs faisant converger les rayons du soleil pour actionner une turbine, pourrait changer la carte énergétique du monde, selon les prévisions d'experts réunis en colloque à Perpignan (Pyrénées-Orientales, sud).En 2050, ce type d'énergie renouvelable pourrait fournir environ 10 % de la production mondiale d'électricité, soit l'équivalent du solaire photovoltaïque, estime l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Or seuls les pays ou les régions du sud, comme l'Afrique du Nord, l'Australie, l'Inde, l'Afrique du Sud ou, en Europe, l'Espagne et le Portugal, pourront accueillir de telles centrales qui nécessitent un fort ensoleillement, dit Cédric Philibert, expert à l'AIE, à l'occasion du colloque Solarpaces.

Ces centrales, dites thermodynamiques, sont dotées d'un champ de miroirs mobiles (des héliostats) qui concentrent l'énergie solaire vers un tube contenant un fluide qui chauffe. Cette chaleur produit de la vapeur d'eau qui entraîne une turbine.Parmi les pays développés, l'Espagne et les Etats-Unis sont en pointe dans ce domaine, avec déjà plusieurs centrales en activité et "une énorme vague de projets", selon M. Philibert.

Mais les futurs fournisseurs d'électricité pour l'Europe pourraient bien se trouver en Afrique du Nord.Il y a quelques années, des experts avaient avancé l'idée que la totalité de l'électricité consommée dans le monde pourrait être produite par une centrale solaire à concentration d'une surface équivalente à 1% du Sahara.Une unité est déjà installée au Maroc. Elle pourrait produire environ deux gigawatts. Des projets sont en discussion en Algérie et l'Egypte possède une unité.

Ces initiatives s'inscrivent dans le plan solaire méditerranéen (PSM). Le PSM prévoit la construction, d'ici à 2020, au sud et à l'est du bassin méditerranéen, de capacités de production d'électricité renouvelable, notamment solaire. Environ un quart (5 GW, soit près d'un dixième de la puissance totale actuelle des centrales nucléaires françaises) en serait exporté vers l'Europe.

Cet été a ainsi été lancé le consortium Transgreen, mené par EDF et chargé d'étudier la faisabilité d'un réseau sous la Méditerranée permettant d'acheminer cette électricité vers le nord.Une ligne existe déjà entre Algésiras (sud de l'Espagne, près du Détroit de Gibraltar) et Tanger (nord du Maroc, de l'autre côté du détroit). Pour le moment, l'énergie transite de l'Espagne vers le Maroc, mais à l'avenir, ce sera peut-être le contraire.

La France a été pionnière de la technologie, avec la mise en service en 1969 dans les Pyrénées-Orientales du four solaire d'Odeillo, le plus puissant appareil de ce type construit à ce jour (1.000 kilowatts). Il sert à tester la résistance à la chaleur de nouveaux matériaux, comme le revêtement de la navette spatiale.En 1983, a été inaugurée dans la même région Thémis, un projet pilote qui préfigure les centrales solaires thermodynamiques du futur et devrait produire à terme entre 1,4 et 2 MW, a noté Gilles Flamant, directeur de laboratoire au CNRS, co-organisateur du colloque.

De son côté, le groupe industriel CNIM a lancé cet été un prototype de centrale à concentration avec un champ de 700 mètres carrés de miroirs à La Seyne-sur-Mer (Var).Avec la baisse des prix des matériaux et l'augmentation de la consommation d'électricité, l'énergie solaire concentrée pourra devenir compétitive aux heures de pointe dès 2020 et des projets mirifiques pourraient bientôt voir le jour, estime-t-on parmi les 800 experts de plus de 40 pays réunis par Solarpaces.

Déjà, l'émirat d'Abou Dhabi devrait disposer d'ici deux ans de la plus grande centrale solaire à concentration, d'une capacité de 100 mégawatts, un projet mené par les groupes français Total et espagnol Abengoa pour 600 millions de dollars.

Romandie

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