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L'arme foetale

Soigner l'enfant avant même qu'il ne paraisse. Le soigner, dans le ventre de sa mère, en lui greffant un gène. Tel est le projet soutenu par l'Américain French Anderson, pionnier en 1990 de la thérapie génique, cette médecine qui se propose d'utiliser les gènes humains à des fins thérapeutiques. Huit ans plus tard, osera-t-on ouvrir la voie à des essais de "thérapie génique in utero" alors même qu'aucune des tentatives de thérapie génique menées sur des enfants ou des adultes n'a encore réussi? Les 24 et 25 septembre, le comité américain chargé d'évaluer les risques des thérapies géniques - le RAC (Recombinant Advisory Committee) - s'est réuni pour entendre French Anderson (University of Southern California) plaider son dossier. Le verdict est en suspens, mais le chercheur et le comité ont atteint leur premier objectif: ouvrir un débat public sur les frontières de la thérapie génique. Ce qu'envisage French Anderson est en effet aussi ambitieux que risqué, au plan médical comme au plan éthique. Il se propose de traiter in utero deux types de maladies génétiques gravissimes. Une maladie du sang, l'alpha-thalassémie, due à une altération génétique qui entraîne le plus souvent la mort du foetus avant terme. Et d'autre part, une déficience immunitaire sévère, nommée SCID, due à l'absence d'un gène. Dans le premier cas, il prévoit de prélever des cellules foetales, de les "réparer" en éprouvette en y greffant la forme saine du gène, puis de les réinjecter. Dans le second cas, il injecterait directement in utero de multiples copies du gène manquant. En effet, les cellules du foetus étant moins nombreuses et se divisant plus vite, la "correction" génétique à effectuer serait moins importante et les cellules corrigées auraient plus de chance de se multiplier. French Anderson a cependant déclaré qu'il ne poursuivrait pas son projet de thérapie in utero si les risques de modification de la descendance se révélaient trop grands. Il a également affirmé que rien ne serait tenté avant une expérimentation animale suffisante, soit avant deux ou trois ans.

(Libération/20/10/98)

http://www.liberation.com/quotidien/semaine/981020marzc.html

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