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De l'actuelle grippe du poulet au risque de pandémie humaine

Une pandémie de grippe, c'est-à-dire une épidémie mondiale du type de celles survenues en 1918-19, 1957 ou 1968, pourrait être à redouter si le virus H5N1 de la grippe qui frappe poulets et autres volatiles (grippe aviaire) en Asie s'adaptait à l'homme. Depuis 2003, ce virus aviaire a déjà tué en Asie une soixantaine de personnes qui avaient été en contact étroit avec des volailles infectées. S'il parvenait à acquérir - ce qui n'est pas le cas actuellement selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS) - la capacité de se transmettre facilement d'humain à humain, la grippe nouvelle pourrait se révéler dangereuse pour l'homme, dont les défenses immunitaires ne seraient pas préparées à affronter ce nouveau virus.

Une pandémie grippale marquée par une mortalité élevée associée à l'arrivée d'un nouveau virus survient trois à quatre fois par siècle, selon les experts qui redoutent une nouvelle épidémie de l'ampleur de la grippe espagnole de 1918/19 qui aurait fait de 20 à 40 millions de morts dans le monde. Deux autres pandémies de grippe, moins meurtrières, ont eu lieu en 1957 (grippe asiatique, quatre millions de morts) et en 1968 (grippe de Hong Kong, deux millions de morts). Les oiseaux sauvages ou aquatiques servent de longue date de "réservoir de virus grippaux", mais ces derniers "n'infectent pas facilement l'homme", rappelle Sylvie van der Werf (Institut Pasteur, Paris). Le porc pourrait servir de "creuset de mélange" permettant au virus de muter pour s'adapter aux mammifères ou bien le virus des volailles pourrait évoluer de lui-même et devenir capable, par des mutations génétiques survenues au hasard, d'infecter l'homme beaucoup plus facilement.

Le virus H5N1 est considéré comme une menace, car il risque de s'adapter à l'homme. S'il infecte un homme souffrant déjà d'une grippe ordinaire, il pourrait en profiter pour "s'humaniser" en empruntant du matériel génétique à un virus courant de la grippe et ainsi devenir capable d'engendrer une pandémie de grippe humaine. Plusieurs fois depuis début 2004, les experts ont redouté qu'une contamination interhumaine soit survenue, notamment au sein d'une famille thaïlandaise, puis au Vietnam, mais l'analyse du virus a permis de vérifier qu'il n'était pas devenu facilement transmissible entre humains.

Ainsi, fin juin dernier, après la visite au Vietnam d'une équipe de chercheurs étrangers, l'OMS avait revu à la baisse le risque imminent de pandémie de grippe humaine d'origine aviaire. Mais lors d'une conférence régionale à Nouméa, le directeur général de l'OMS, Lee Jong-wook, n'a pas caché son pessimisme: "c'est évident qu'elle (une pandémie) surviendra, toutes les conditions sont en place. Le problème maintenant, c'est le temps", a-t-il déclaré. Une vingtaine d'épidémies de grippe aviaire ont frappé oiseaux sauvages et volailles depuis 1959. Par deux fois, l'homme a aussi été touché : en 1997 à Hong Kong (18 cas, 6 morts) et en 2003 en Belgique et aux Pays-Bas (décès d'un vétérinaire, cas de conjonctivites notamment). L'abattage massif et rapide de volailles pour maîtriser l'épidémie aviaire pourrait avoir alors, note l'OMS, permis d'éviter une pandémie humaine.

AFP

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