RTFlash

L'accès haut débit sur fil de cuivre se démocratise

L'époque où les modems affichaient fièrement 28 kilobits par seconde (kbps) n'est pas si lointaine, puisqu'elle remonte à tout juste dix ans. Aujourd'hui, leurs héritiers, les modems ADSL, offrent 15 mégabits par seconde (Mbps), bientôt 50 Mbps, et sans doute 100 Mbps dans quelques années... Alain Vellard, directeur des réseaux d'accès à la division R & D de France Télécom, estime même que l'on pourra un jour, au moins en laboratoire, friser le gigabit par seconde (Gbps).

Comment un tel miracle est-il possible ? Pour Dominique Hajerman, directeur des réseaux Internet chez France Télécom, ce sont les performances de l'électronique qui expliquent la vertigineuse croissance des débits sur le réseau téléphonique. L'exploitation d'un spectre de fréquences de plus en plus large n'explique pourtant pas tout. "Nous pouvons extraire un signal dans une mer de bruits", indique-t-il. Un exploit réalisé en temps réel et pour un coût qui a suivi la baisse des prix des composants électroniques. Reste les fils de cuivre eux-mêmes, qui n'ont pas changé depuis qu'ils ne servaient qu'à acheminer la voix et qu'on envisageait de les remplacer par des fibres optiques. Ces dernières se contentent des interconnexions entre les centraux téléphoniques. Le cuivre prend le relais pour atteindre chaque abonné.

Aujourd'hui, 5,5 millions de foyers sont "éligibles", c'est-à-dire qu'ils sont techniquement en mesure de recevoir le haut débit. D'ici à la fin de l'année, ils seront 10 millions. Au-delà, l'équipement des centraux ne permettra plus de progresser tant la distance qui les sépare des abonnés joue un rôle déterminant. La réception d'Internet et de la télévision à haut débit offerte par Free ou France Télécom (MaLigne TV) ne concerne que les foyers situés à moins de 2 ou 3 km (en fonction du diamètre des fils de cuivre installés) d'un central équipé en ADSL.

Depuis le 9 mars, France Télécom teste à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) une nouvelle technologie baptisée Very High Bit Rate DSL (VDSL) qui promet d'offrir des débits jusqu'à 50 Mbps pour la voie descendante (réception par l'abonné) et 25 Mbps en voie montante (émission). La grande originalité du VDSL est d'être installée, non plus dans les centraux téléphoniques, mais dans les sous-répartiteurs (SR). Il existe environ 120 000 SR en France, contre 12 000 centraux. "Il s'agit des armoires grises qui sont souvent visibles sur la voie publique et qui ont l'avantage de se trouver plus près de l'abonné", explique Alain Vellard, directeur des réseaux d'accès pour la division R & D de France Télécom.

Le VDSL offre le haut débit dans un rayon d'environ 1 km. Si la distance efficace est plus faible que celle de l'ADSL, c'est en raison de l'exploitation de hautes fréquences plus sensibles que les basses fréquences à l'atténuation. Le VDSL utilise le spectre compris entre 1,1 MHz et 12 MHz. Or, son débit, de près de 40 Mbps lorsque le SR se trouve à une distance de 250 mètres de l'abonné est divisé par deux à 1 km et il devient pratiquement nul à 2 km. C'est dire s'il s'agit bien d'une technologie de proximité. Dominique Hajerman indique que la mise en oeuvre du VDSL sur le terrain est relativement simple. L'expérimentation d'Issy-les-Moulineaux n'a demandé qu'un mois d'installation. L'introduction des cartes VDSL dans les SR exigera souvent la pose d'un boîtier supplémentaire. L'adaptation du réseau passe néanmoins par l'acheminement de la fibre optique jusqu'aux sous-répartiteurs, ce qui représente la pause de quelques centaines de milliers de kilomètres de fibres. Globalement, l'investissement correspondant devrait se chiffrer en centaines d'euros par ligne. Avec, sans doute, des prix de revient très variables suivant les configurations. Les SR peuvent en effet contenir de quelques dizaines de lignes à plus de 2 000 en fonction de la densité locale de population. Après trois ans de travail, en particulier sur la normalisation, France Télécom semble décidé à généraliser rapidement le VDSL. Le recours à la technologie de haut débit par radio (Wimax) doit compléter la couverture nationale, afin d'offrir "un service permanent haut débit dans toute la France fin 2006", selon Dominique Hajerman.

Le Monde

Noter cet article :

 

Vous serez certainement intéressé par ces articles :

Recommander cet article :

back-to-top