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Internet 2 : Le réseau qui fait rêver les chercheurs

Des astronomes de l'université de Floride, à Gainesville, collectent des images à infrarouge de poussières interstellaires qui pourraient un jour constituer des planètes. A Columbus, dans l'Ohio, un médecin examine l'abdomen d'un patient sur un moniteur, depuis son cabinet, et discute de la marche à suivre avec les chirurgiens du bloc opératoire. Dans un cas comme dans l'autre, ces expériences ont été rendues possibles par un réseau Internet de nouvelle génération auquel peu de gens en dehors du monde universitaire ont le privilège d'avoir accès. A l'heure actuelle, 185 universités et laboratoires de recherche sont connectés à ce réseau parallèle baptisé Internet2. Lancé en 1996, il offre une connexion très rapide à deux “backbones”

Courrier International :

[http://www.courrierinternational.com/mag/INTmedia.htm">ou dorsales de réseau] optiques ainsi que des protocoles garantissant que les données arrivent à destination sans perte ni retard. Mais Internet2 est bien plus qu'une bande passante de rêve. C'est une boîte de Petri [on utilise ces boîtes en bactériologie] dans laquelle se développent les applications de l'Internet de demain : de nouvelles possibilités en chirurgie, ou encore des mondes virtuels où l'on peut dialoguer et échanger des informations avec des collègues d'un peu partout. Ted Hanss, responsable du développement des applications pour Internet2 à l'université d'Ann Arbor, dans le Michigan, encourage tout le monde à envisager le nouvel outil comme “une machine à avancer dans le temps qui nous montre à quoi ressemblera Internet dans trois à cinq ans”. Ce calendrier peut sembler un peu optimiste. L'enthousiasme de Ted Hanss est toutefois compréhensible. Car la vitesse impressionnante du réseau permet d'envisager des projets ambitieux en effaçant les obstacles géographiques et de contourner les frontières du temps et de l'espace. Le réseau utilise deux canaux à fibre optique très performants : le vBNS (Very-high-performance Bandwidth/Backbone Network Service) de MCI Worldcom , un câble optique de 16 000 kilomètres de long construit spécialement pour Internet2. Ces backbones sont certes semblables à ceux utilisés pour le réseau commercial Internet, mais leur accès est réservé à un public restreint : environ trois millions d'utilisateurs contre plusieurs centaines de millions pour le réseau classique. La vitesse de transmission minimale est fulgurante : 155 mégabits par seconde. Elle est donc 100 fois plus rapide qu'une connexion typique dans un laboratoire universitaire, et presque 3 000 fois plus qu'une connexion par modem classique. Mais Internet2 a bien d'autres avantages. Il offre des garanties de qualité de service, en évitant les pertes de données et en minimisant les retards occasionnés par le passage des signaux d'un routeur à un autre. Grâce à la simplicité de conception du réseau, les données sont transmises de façon plus efficace et avec moins de “soubresauts” entre les routeurs. Les chercheurs travaillent également sur le moyen de donner une priorité de transmission à certaines données spécifiques. Des images chirurgicales transmises en temps réel auraient ainsi la garantie de passer avant des données moins urgentes, comme le courrier électronique. L'autre innovation majeure d'Internet2 est la multidiffusion. Cette technologie permet à un flux simple de données, comme une vidéo en temps réel, de traverser Internet et de se dédoubler le plus tard possible en plusieurs flux afin de parvenir simultanément aux différents destinataires. Sur Internet, le serveur d'origine doit transmettre un flux distinct de données à chaque utilisateur, ce qui augmente considérablement les problèmes de congestion. Une partie de la technologie d'Internet2 est déjà utilisée de façon ponctuelle sur le réseau traditionnel, mais les applications les plus séduisantes ne seront accessibles qu'à ceux qui en auront les moyens. Le problème de la boucle locale reste un écueil majeur. Quand les adeptes d'Internet2 parlent de bande passante, ils se situent dans un monde où chaque ordinateur dispose d'une connexion à 100 mégabits par seconde au moins. Or, à l'heure actuelle, 95 % des citoyens du Net aux Etats-Unis accèdent au réseau via des modems à 56 kilobits. Une modernisation de l'infrastructure publique permettant d'obtenir un niveau de performance 10 000 fois supérieur pourrait prendre des décennies. Au début, les applications dévoreuses de la bande passante seront donc forcément réservées à de grandes organisations qui peuvent s'offrir des connexions ultrarapides. La télémédecine, par exemple, sera probablement implantée d'abord dans des centres médicaux régionaux importants, puis, quand les coûts diminueront, dans des hôpitaux locaux, et enfin, à long terme, dans les cabinets médicaux.

Courrier International :

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