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Infections et maladies auto-immunes augmenteraient les risques de schizophrénie

Comme le rappellent dans The American Journal of Psychiatry les auteurs d’une étude danoise relançant l’hypothèse infectieuse et/ou auto-immune dans le déterminisme de la schizophrénie, cette psychose procède d’une origine « complexe et multifactorielle. » Bien que le contexte du « roman familial » et des vicissitudes de l’existence constitue un élément de risque majeur, ces aléas des trajectoires personnelles et familiales (vécu traumatique, reproduction transgénérationnelle des mêmes motifs biographiques) ne résument pas le mécanisme causal de la schizophrénie.

Certains arguments (notamment des observations épidémiologiques sur l’influence apparente des infections in utero et sur celle des saisons, avec inversion caractéristique entre les hémisphères nord et sud) suggèrent l’immixtion supplémentaire de facteurs immunitaires et infectieux, par exemple une virose ou une parasitose (grippe, toxoplasmose…) contractée en bas âge. Si une méningite constitue un antécédent attendu (par son impact direct sur le système nerveux), d’autres maladies infectieuses ou auto-immunes peuvent aussi être impliquées : hépatite, thyroïdite, maladie cœliaque, lupus, spondylarthrite ankylosante, colite ulcéro-nécrotique, etc.

Au terme de cette étude portant sur le suivi pendant trente ans (1977-2006) d’une cohorte de plus de 39 000 sujets avec « trouble de type schizophrénique » (schizophrenia spectrum disorder), les auteurs observent ainsi que la présence d’une affection auto-immune préalable majore d’environ 29 % le risque de schizophrénie (Rapport d’incidence IRR[2] = 1,29 ; intervalle de confiance à 95 % IC : 1,18–1,41). Un antécédent d’hospitalisation pour une infection l’augmente de 60 % (IRR= 1,60 ; IC : 1,56–1,64). Et l’association de ces deux critères (maladie auto-immune avec problématique infectieuse) aggrave encore davantage ce même risque (IRR= 2,25 ; IC : 2,04–2,46).

Cette amplification du risque affecte une relation du type « dose-réponse » où un nombre accru d’épisodes infectieux (?3) est associé à une multiplication du risque de psychose par un facteur 3,40 (IC : 2,91–3,94 ). Ces résultats restent significatifs après ajustement pour d’autres variables (comme une addiction à une substance toxique ou des antécédents psychiatriques dans la famille) et globalement, une hospitalisation pour un problème infectieux préalable au diagnostic de schizophrénie concerne près d’un sujet sur 4 (24 %). Du point de vue physiopathologique, il est probable que des auto-anticorps dirigés contre le cerveau (brain reactive autoantibodies) –d’abord sans incidence importante, tant qu’ils restent confinés au compartiment sanguin– finissent par léser le système nerveux central, dès que l’intégrité de la barrière hémato-encéphalique est compromise, lors d’un processus infectieux, inflammatoire, voire tumoral (des études ayant montré la fréquence élevée de pathologies psychiatriques précédant un diagnostic de cancer).

À l’image du personnage de Dame Tartine « si gourmande qu’elle veut se manger elle-même », dans la chanson enfantine, cette réponse immunitaire anormale entraînerait un trouble neuro-développemental (ou aggraverait du moins un trouble préalable), peut-être même dès la vie intra-utérine en perturbant par exemple l’action de protéines impliquées dans le développement neurologique du fœtus.

JIM

   

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